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Vasculaire

Publié le 18 avr 2006Lecture 3 min

Ischémie aiguë du membre inférieur révélant de multiples kystes hydatiques du cœur

M. SRAIRI, A. BENNIS, Y. ETTOUMI, M. ABIDALLAH, D. BOUMZEBRA et B.-A.MEHADJI, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc

Les kystes hydatiques du cœur sont rares. Ils ont un pronostic réservé du fait du risque de rupture et de dissémination hématogène. L’embolie artérielle est l’une des complications graves et exceptionnelles pouvant révéler cette pathologie. Nous rapportons le cas d’une embolie aiguë de l’artère iliaque révélant de multiples kystes hydatiques du cœur.

Observation Un jeune homme âgé de 26 ans est admis en urgence pour une douleur aiguë du membre inférieur gauche d’installation brutale. L’examen clinique retrouve une pâleur et une froideur de tout le membre inférieur gauche avec hypoesthésie et abolition des pouls fémoraux, poplités et pédieux gauche. L’examen cardiovasculaire retrouve un état hémodynamique stable avec une pression artérielle à 130/65 mmHg et une fréquence cardiaque à 85 bpm sans signe d’insuffisance cardiaque, ni souffle audible. Tous les autres pouls sont présents. Le reste de l’examen clinique est sans particularité. Les échocardiographies cardiaques transthoracique et transœsophagienne révèlent l’existence de multiples kystes hydatiques du cœur (figures 1, 2 et 3). L’échographie abdominale et la tomodensitométrie thoracique ne montrent pas d’autre localisation. L’électrocardiogramme est normal. Les éosinophiles sont à 250/mm3. La sérologie hydatique par méthode d’hémagglutination est positive (> 1/6 500). Figure 1. Échocardiographie transthoracique : multiples kystes hydatiques (KH). Figure 2. Échocardiographie transœsophagienne : multiples kystes hydatiques (KH). Figure 3. Échocardiographie transœsophagienne : multiples kystes hydatiques (KH). Le patient est opéré en urgence, bénéficiant d’une embolectomie rétrograde par sonde de Fogarty, qui a ramené des débris membranaires. Le pouls fémoral est perçu après fermeture de l’artériotomie, avec reprise de la coloration et de la chaleur normale après déclampage. L’examen anatomopathologique confirme l’origine hydatique de ces membranes. Malheureusement, le patient décède 48 heures après dans un tableau de détresse respiratoire aiguë d’installation brutale avec douleur thoracique, probablement due à une embolie pulmonaire hydatique massive.   Discussion   Une pathologie rare… Les kystes hydatiques du cœur sont rares et graves. Ils mettent en jeu le pronostic vital et le pronostic fonctionnel et ne représentent que 0,2 à 3 % des localisations hydatiques. Cette rareté s’explique : • par la nécessité de franchissement des barrières hépatique et pulmonaire par les scolex avant d’atteindre la circulation coronaire ; • et par la résistance naturelle à l’implantation de kystes viables qu’offrent les contractions cardiaques. Les cavités cardiaques droites sont moins fréquemment atteintes que les cavités gauches (15 à 31 % contre 64 à 81 %) à cause de l’épaisseur de leur myocarde et de leur caractère moins vascularisé.   … et insidieuse Le kyste hydatique du cœur se caractérise souvent par une latence clinique et une symptomatologie non spécifique, parfois de découverte radiologique ou échographique fortuite, rarement par des complications révélatrices : troubles du rythme ou de conduction, rupture intracardiaque. L’embolie systémique d’origine hydatique a été rarement rapportée dans la littérature. Elle résulte généralement de la rupture d’un kyste hydatique au niveau du cœur gauche. La présence d’embolie hydatique au niveau de l’artère iliaque est rare ; une telle localisation est exceptionnelle selon les auteurs. Le kyste hydatique du cœur gauche reste longtemps asymptomatique ou peu symptomatique et ne se manifeste qu’au stade de complications : fissuration puis rupture dans la circulation systémique. Chez notre patient, l’ischémie aiguë justifiait une embolectomie artérielle en urgence, l’embolie provenant le plus vraisemblablement du cœur gauche.   En pratique   L’échocardiographie est l’examen de référence dans le diagnostic du kyste hydatique du cœur. La combinaison échocardiographie et tomodensitométrie permet une meilleure précision du type et du siège du kyste. L’imagerie par résonance magnétique permet de faire un bilan lésionnel complet cardiaque et vasculaire. Le seul traitement chirurgical du kyste hydatique du cœur est la chirurgie qui s’impose chaque fois que possible du fait de la gravité de l’évolution spontanée. La place du traitement médical antiparasitaire et sa durée ne sont pas bien définies. Il est indiqué seul en cas de contre-indication chirurgicale ou en complément de la chirurgie en cas de kyste hydatique rompu, ce qui souligne l’intérêt primordial de la prévention. Une bibliographie sera adressée aux abonnés sur demande au journal.

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