publicité
Facebook Facebook Facebook Partager

Échocardiographie

Publié le 24 jan 2006Lecture 18 min

Le 2D strain en pole position

R. ROUDAUT et S. LAFITTE, CHU de Bordeaux

AHA

Riche de plus de 200 communications en échocardiographie, ce congrès a souligné et approfondi la place de l’échocardiographie dans de nombreux domaines de la cardiologie tels :
• les nouvelles technologies,
• la fonction cardiaque,
• les valvulopathies,
• la recherche de l’asynchronisme ventriculaire.
Peu de travaux centrés sur l’écho 3D/4D, l’écho de contraste ont été présentés dans ce congrès. En revanche, deux techniques innovantes ont été développées, tout particulièrement sur le 2D strain, le Vector Velocity Imaging (VVI).

Les nouvelles technologiques : 2D strain et velocity vector imaging   Validation du 2D strain Encore appelé « 2D speckled tracking » en anglais, le 2D strain : • analyse la déformation du myocarde à partir de l’image brute bidimensionnelle avec une meilleure reproductibilité que le Doppler tissulaire car cette technique est indépendante de l’angle avec un meilleur rapport signal sur bruit et une meilleure reproductibilité ; • permet une approche de la contraction myocardique dans les trois dimensions de l’espace avec ses composantes longitudinale, radiale et circonférentielle, • serait moins sensible que le Doppler tissulaire aux déplacements cardiaques passifs (figure 1). Figure 1. Représentations paramétriques d’une analyse « 2D speckle » autorisant le calcul des déformations longitudinales (en haut à droite), du déplacement longitudinal (en bas à droite) et la visualisation des zones à contraction postsystolique. Enfin, les composantes radiale et longitudinale peuvent être acquises à partir d’une seule coupe 2D. - La technique a été validée versus la sonomicrométrie chez l’animal par E. Donal de Rennes et G. Derumeaux de Lyon. Cette étude compare 2D strain, DTI strain et sonomicrométrie au repos, lors d’une élévation de la postcharge par banding aortique et ischémie myocardique par ligature des coronaires. Les valeurs de 2D strain, 2D et DTI sont comparables. Les 2D strain longitudinal et radial sont corrélés à la fraction de raccourcissement. - Sukmawan du Japon, étudie l’hétérogénéité régionale du stress radial et longitudinal chez 40 volontaires sains âgés de 21 à 65 ans. Le stress radial est supérieur au niveau de la paroi antérieure qu’au niveau de la paroi postérieure (antérieur 53 ± 8,2 %, latéral 42,7 ± 6,8 %, septum 35,9 ± 6,9 %, postérieur 25,3 ± 4 % p < 0,01). À l’inverse, le strain longitudinal est inférieur au niveau du segment antérieur par rapport au segment postérieur (- 11,0 ± 1,4 % vs – 21,1 ± 3,3 % p < 0,01). Enfin, cette hétérogénéité est retrouvée de l’apex vers la base, les strain radial et longitudinal sont plus élevés à l’apex qu’au niveau de la base (p < 0,001). - L’équipe de Marwick a comparé trois méthodes d’évaluation du strain, 2D strain, DTI et IRM, chez 30 patients. La faisabilité des deux techniques échocardiographiques 2D strain et DTI est excellente et meilleure en 2D strain pour le strain radial. La reproductibilité est la meilleure pour le 2D strain mais avec un coefficient de variation inter-observateurs non négligeable. La corrélation avec l’IRM est médiocre ; néanmoins le 2D strain représente un outil fiable d’étude de la cinétique segmentaire, à la différence du DTI, et apporte des informations en termes de strain circonférentiel.   Application du 2D strain à la cardiopathie ischémique - T. Helle-Valle de Norvège compare le 2D strain et l’IRM. L’évaluation de la déformation circonférentielle et la rotation chez le sujet normal comme dans la cardiopathie ischémique sont identiques avec les deux techniques (figures 2 et 3). Figure 2. Rotation et torsion (twist) du VG en systole. Figure 3. Corrélation entre l’IRM et l’échocardiographie. - Vortdal de la même équipe, à partir d’une étude en 2D strain et IRM portant sur 30 patients à la phase aiguë d’un IDM, conclut que le 2D strain réalisé juste après la dilatation prédit mieux l’étendue de la cicatrice du myocarde que le taux enzymatique, ce qui devrait avoir des implications thérapeutiques. - Un autre travail réalisé dans la cardiopathie ischémique par Becker d’Aix-La-Chapelle, comparant les données du 2D strain à celles de l’IRM chez 54 coronariens, confirme la bonne corrélation entre les deux techniques. - Arai du Japon étudie la signification clinique du 2D straindans l’IDM. Il existe une relation significative entre le strain obtenu en 2D et en IRM. Plus le délai de rehaussement en contraste est retardé, plus la valeur de la déformation est basse. Le strain reflète le degré d’extension transmural de l’IDM et a un impact clinique pour évaluer la viabilité.   Application du 2D strain à l’électrophysiologie - Ashraf de Portland valide chez l’animal le 2D strain dans l’évaluation de l’effet de la stimulation ventriculaire VD et VG sur la rotation. Son travail montre que la stimulation VD et VG modifie les phénomènes de twisting au niveau de l’apex. - L’équipe de J. Thomas applique la technique du 2D strain à l’étude de la cartographie de l’activation ventriculaire. Cette étude, validée chez le chien à l’état basal et lors de stimulation ventriculaire simple et multisites, devrait avoir un impact chez l’homme dans l’exploration de l’asynchronisme. - Kanzaki du Japon étudie 41 patients en insuffisance cardiaque (FE = 22 ± 8 %) avec QRS Ž 120 ms en 2D strain et DTI en petit axe. Il conclut que le délai au pic de 2D strain radial est corrélé au degré d’asynchronisme de YU en DTI. De plus, le 2D strain permet une évaluation visuelle rapide du site de retard de contraction.   Application du 2D strain à l’insuffisance cardiaque et aux myocardiopathies - Takeuchi du Japon montre que le phénomène de torsion ventriculaire peut être étudié par 2D strain. Ce phénomène est perturbé chez le sujet âgé, cette méthode pouvant permettre une nouvelle approche de la fonction diastolique. - Ito (Osaka) étudie le 2D strain dans la myocardiopathie hypertrophique (MCH) (n = 25) comparativement aux sujets normaux (n = 25) et confirme que le strain longitudinal et radial est abaissé dans le groupe pathologique (figure 4). Figure 4. Le strain longitudinal et radial est abaissé dans le groupe pathologique. Velocity vector imaging Quelques communications ont souligné l’intérêt d’une nouvelle modalité d’imagerie, le « velocity vector imaging » (VVI), dans l’évaluation de la fonction cardiaque systolique et diastolique régionale (Siemens Corp). Le principe est celui du B mode speckled tracking. Cette méthode permet une analyse de la dynamique longitudinale et de la rotation (twist). Le VVI utilise un algorithme qui détecte automatiquement l’interface tissu/cavité. Il étudie les mouvements en référence à quelques points comme l’anneau mitral et la périodicité du mouvement cardiaque (figure 5). Figure 5. Imagerie Vector Velocity Imaging (VVI) exprimant sous forme de vecteurs la direction et la vitesse de déplacement des parois myocardiques en temps réel sur une boucle noir et blanc bidimensionnelle. Par cette méthode, l’équipe de Mani Vanna étudie la rotation apicale dans trois groupes de patients : normaux, BBG avec FE conservée et BBG avec altération FE. Il constate que le « twist apical » est altéré dès le stade de BBG avec FE conservée et conclut que cette anomalie régionale précède une détérioration de la fonction globale du VG. La même équipe précise que la dysfonction diastolique résulte d’une anomalie de la fonction systolique longitudinale et de la torsion. L’idée de départ est que le remplissage rapide du VG est dépendante du phénomène de succion, lui-même lié à la contraction des fibres sous-épicardiques obliques. Les auteurs ont comparé par velocity vector imaging les caractéristiques de la contraction septale et de l’apex chez 17 sujets normaux et des patients avec dysfonction diastolique (30 hypertendus avec HVG mais fonction systolique normale). Les auteurs concluent que le septum interventriculaire est une structure anatomiquement et fonctionnellement à deux couches. La contraction systolique du côté droit du septum et la rotation anti-horaire de l’apex du VG contribuent à l’élongation ventriculaire et au remplissage diastolique. Ces phénomènes sont perturbés dans la dysfonction diastolique isolée. - Cannesson de Pittsburgh teste l’hypothèse que le VVI peut quantifier l’asynchronisme ventriculaire dans l’insuffisance cardiaque (IC). Cette étude porte sur 29 IC et 10 témoins. Les VVI quantifie l’asynchronisme. Les patients répondeurs (amélioration de FE Ž 15 %) auraient un asynchronisme initial plus important que les non-répondeurs. Ces données sont, bien entendu, à confirmer sur de plus larges cohortes.   Étude de la fonction cardiaque Nous venons de souligner à quel point le 2D strain semble prometteur dans l’évaluation de la fonction cardiaque. Nous centrerons maintenant notre propos sur : • la fonction diastolique, • la fonction ventriculaire droite, • la fonction auriculaire gauche, • l’exploration du petit animal.   Fonction diastolique À partir d’une série prospective de 300 infarctus du myocarde, Kruszewski confirme la valeur péjorative à court et long termes (23 semaines) d’une élévation des pressions de remplissage : • en analyse univariée, les prédicteurs des décès sont la classe Killip, l’OAP radiologique, le rapport E/E’ et le diamètre de l’OG ; • en analyse multivariée, les trois facteurs indépendants sont la fraction d’éjection, le taux de BNP et le rapport E/E’. Ce dernier critère étant le plus puissant. Dans la mesure où de nombreux patients en insuffisance cardiaque latente ne sont dyspnéiques qu’à l’effort, l’équipe de Marwick propose une évaluation des pressions de remplissage à l’effort, véritable « diastolic stress test ». Cent soixante-huit patients à fonction systolique préservée, âgés de 57 ans en moyenne, ont bénéficié d’un test d’effort sur tapis. Le rapport E/E’ est mesuré au repos et immédiatement à la fin du stress. Parallèlement, afin de valider ce travail, une étude invasive est réalisée chez 35 patients, qui consiste en la réalisation d’un cathétérisme au repos et à l’effort de façon concomitante à un écho-Doppler. L’étude invasive fait apparaître que le rapport E/E’ est parfaitement corrélé à la Ptdvg au repos (r = 0,80) et à l’effort (r = 0,80). En ce qui concerne l’étude non invasive, elle permet de différencier deux cas particuliers : E/E’ augmente à l’effort chez les patients dont la tolérance à l’effort est la moins bonne par rapport au groupe E/E’ inchangé dont la performance est bonne (9,7 ± 3 vs 11,3 mets, p < 0,05). Une augmentation de E/E’ à effort > 13 est un bon témoin d’élévation des pressions de remplissage (Ptdvg > 15 mmHg). - Fukuta souligne l’intérêt de l’effort pour démasquer une anomalie de remplissage chez les patients à dysfonction diastolique modérée (E/E’ < 1). Ils étudient 68 patients (âge moyen 68 ± 10 ans) dont la fraction d’éjection est conservée (62 ± 9 %). Tous les patients sans signe d’ischémie sont référés pour écho d’effort. Le flux transmitral et le DTI sont enregistrés juste avant et après l’effort sur tapis. Au repos, le rapport E/E’ n’est pas corrélé significativement au BNP. en revanche, à l’effort, le rapport E/E’ est corrélé significativement au BNP (r = 0,58 p = 0,001). Un rapport E/E’ après l’exercice > 9,9 discrimine les patients avec BNP > 100 avec une sensibilité de 71 % et une spécificité de 89 %. Les auteurs concluent qu’une élévation du rapport E/E’ à l’effort prédit une élévation du BNP chez les patients dont le rapport E/A est < 1. L’évaluation à l’effort peut être utile pour le diagnostic d’insuffisance cardiaque chez ces patients (figure 6). Figure 6. Une élévation du rapport E/E’ à l’effort prédit une élévation du BNP chez les patients dont le rapport E/A < 1. - Une équipe japonaise démontre que le niveau des pressions de remplissage VG peut être apprécié à partir de la vitesse de propagation du flux veineux pulmonaire provenant de la VP supérieure droite en TM couleur. Toutefois, la place de cet indice dans l’arsenal des moyens diagnostiques reste à préciser. Chez les patients en insuffisance cardiaque, une autre équipe japonaise démontre que l’évolution du profil transmitral lors d’un mini effort de 10 W permet de prédire la VO2 max. Schématiquement, plus le pic de VO2 est bas, plus le pourcentage de variation de l’amplitude de l’onde E est élevé, plus le pourcentage de réduction du temps de décélération de l’onde E est important. - Une équipe coréenne s’est intéressée au remodelage ventriculaire gauche lié à l’âge dans une population exempte de cardiopathie, d’HTA et de diabète. Cette étude portant sur 942 patients montre que s’il n’existe aucune différence entre un groupe d’hommes et de femmes en termes de fraction d’éjection, l’index de masse VG, l’index de volume OG et le rapport E/E’ augmentent progressivement avec l’âge, uniquement chez la femme (tableau 1). Cette étude est une contribution intéressante à la connaissance de l’insuffisance cardiaque à fonction systolique préservée (IC – FSP). La fonction ventriculaire droite Le ventricule droit (vd) a fait l’objet d’un certain nombre de lectures et de communications. Longtemps négligé, notamment du fait de la difficulté d’exploration, il est de mieux en mieux connu et de plus en plus exploré car source de bon nombre de pathologies ; en outre, son implication dans les cardiopathies du cœur gauche est déterminante. L’exploration classique de la fonction VD fait appel aux notions de diamètre diastolique du VD, de rapport du diamètre VD/VG, de pourcentage de réduction de surface, de mouvement septal paradoxal, plus ou moins associé à une HTAP. Une approche moderne et très aisée d’enregistrement de la fonction systolique du VD est celle de l’amplitude de l’onde S au DTI, parfaitement corrélée au déplacement systolique du plancher tricuspidien (TAPSE, Tricuspid Annular Plane Systolic Excursion). Une amplitude de l’onde S tricuspide < 10,5 cm/s est le signe d’une altération de la fonction VD. - Le groupe de Klein démontre que le volume de l’OD est un bon reflet de la fonction diastolique du VD. La confrontation du profil transtricuspide en Doppler pulsé et de la taille de l’OD permet de différencier les sujets dont le remplissage est normal par rapport aux pseudo-normaux. La valeur seuil de surface de l’OD étant de 15 cm2 (figure 7). Figure 7. Flux tricuspide et taille de l’OD dans l’évaluation de la fonction diastolique du VD. - Prakasa de Baltimore, souligne l’intérêt du DTI dans le diagnostic précoce de la dysplasie arythmogène du VD (DVDA). Il s’agit d’une étude portant sur 38 dysplasies et 30 témoins. Les auteurs mesurent trois paramètres : l’onde S’, l’onde E’ et le déplacement tissulaire D au niveau de la paroi latérale du VD. Il apparaît que les valeurs du DTI sont très sensibles et spécifiques dans le diagnostic de DVDA (tableau 2). Fonction auriculaire gauche - L’équipe de Marwick démontre par DTI strain la persistance d’une dysfonction atriale dans les suites d’une CEE pour FA chez 62 patients. Le volume d’échantillonnage de 10 x 2 mm est positionné dans l’OG au niveau de la partie basse du septum près de la croix du cœur. La récupération des paramètres de vélocité et de déformation se fait en 4 semaines. - Sharma souligne l’impact de la restauration et du maintien en rythme sinusal sur la taille de l’OG et la FE. Cette étude ancillaire de l’étude SAFET (Sotalol Amiodarone Atrial Fibrillation Efficacy Trial) porte sur 665 patients. - L’équipe de De Maria de San Diego étudie la fonction atriale par 2D strain dans une large population de 97 patients avec dysfonction diastolique de degré variable. Le strain et strain rate de l’OG sont diminués chez les patients au profil pseudo normal et restrictif, ce qui suggère que l’altération de la fonction mécanique atriale joue un rôle significatif dans ce contexte. À noter que la valeur de S et SR sont plus élevées au niveau de l’anneau qu’au niveau de la base. - Miyasaka au nom de la Mayo Clinic, à partir du suivi d’une cohorte de 2 064 FA sans antécédent cardiovasculaire (moyenne d’âge 73 ± 14 ans, suivi 5,7 ± 3,2 ans) démontre en analyse multivariée que l’âge, la présence d’une plaque carotidienne, d’une HTA, d’une insuffisance rénale et d’une dilatation de l’OG, sont des prédicteurs indépendants d’événements cardiovasculaires (coronaropathies, AVC, IC). Un diamètre de l’oreillette gauche > 45 mm est à haut risque. - Dans un autre travail de la Mayo Clinic, Fatena confirme que le volume de l’OG est un facteur de risque de récurrence après un AVC ; 312 patients âgés de 74,5 ans ont été suivis 4,2 ± 3,4 ans. En analyse multivariée, le risque de récidive d’AVC est lié à un volume OG Ž 32 cm3/m2.   Petit animal - H. Thibault (Lyon) valide l’utilisation du DTI chez la souris, modèle animal très utilisé en recherche expérimentale. Elle démontre que ce modèle permet d’étudier l’ischémie myocardique induite.   Étude de l’asynchronisme ventriculaire Dans le cadre d’une lecture, P. Sogaard (Copenhague) a souligné la diversité des approches de l’asynchronisme par échocardiographie Doppler : Doppler tissulaire, 2D strain, écho tridimensionnel… Si l’asynchronisme est fréquent en cas de QRS large (> 120 ms), il faut retenir qu’il est présent chez un patient sur trois lorsque le QRS est fin. Même si l’on ne dispose pas à l’heure actuelle de paramètre très spécifique de sélection des patients « répondeurs » à la resynchronisation, le Doppler tissulaire qui, à ce jour, est le plus utilisé, permet une approche tridimensionnelle de plus en plus précise grâce aux paramètres de vélocité et de déformation (strain et strain rate). - P. Réant et S. Lafitte de Bordeaux démontrent sur un modèle animal que la perfusion myocardique évaluée par échographie de contraste est altérée en cas de stimulation ventriculaire droite (figure 8). Ces anomalies sont accentuées en présence de lésions coronaires ; elles peuvent être améliorées par la stimulation VG ou biventriculaire. Figure 8. Perfusion myocardique en imagerie paramétrique exprimant les débits de perfusion locorégionaux sous différents modes de stimulation cardiaque (SR : rythme spontané, RVP : stimultation droite, LVP : stimulation gauche, BVP : stimulation biventriculaire). Noter la dégradation de la perfusion en zone ischémique en mode RVP. - Chattopadhyay souligne l’approche de l’écho de stress dans l’évaluation de l’asynchronisme. Cette étude en écho dobutamine porte sur 77 patients à QRS large (> 120 ms), 30 à QRS fin et 22 témoins. Le délai électrosystolique est mesuré au niveau de 12 segments non apicaux au repos et au pic de stress, après correction en fonction de la fréquence cardiaque par la forme de Bazett (Tscor). Les auteurs étudient la déviation standard des 12 TSCor (Tscor-SD) et la différence entre le maximum et le minimum (Tscor-diff). Ce travail montre une accentuation de l’asynchronisme intraventriculaire à l’effort dans tous les groupes, plus marqué dans le groupe « QRS fin ». Enfin, plus l’asynchronisme à l’effort (et non au repos) est important, moins bonne est la tolérance à l’effort. L’écho de stress a donc potentiellement une place dans la sélection des patients à resynchroniser (figure 9). Figure 9. Accentuation de l’asynchronisme intraventriculaire à l’effort plus marqué dans le groupe « QRS fins ». - Burgess de l’équipe de Marwick, se propose de comparer la valeur pronostique de la dilatation ventriculaire et de l’asynchronisme chez 318 patients présentant une cardiopathie ischémique avec fonction VG systolique plus ou moins altérée, suivis en moyenne 4,7 ans. Ces patients sont étudiés au repos et par échocardiographie de stress. Le pronostic est étudié en fonction de la dilatation ventriculaire, et de la présence d’un asynchronisme et d’une ischémie. La dilatation ventriculaire est le paramètre prédictif le plus robuste d’événements cardiovasculaires ; cependant, chez les patients à fonction systolique préservée, la présence d’un asynchronisme est péjorative. - Kapetanakis de Londres étudie l’intérêt de l’écho 3D temps réel dans la quantification de l’asynchronisme chez les 26 patients devant bénéficier d’une resynchronisation avant, puis 2 jours, et 10 mois après l’implantation. Un index d’asynchronisme (SDI) (systolic dysynchrony index) est calculé, basé sur la dispersion des temps électrosystoliques sur tous les segments. À 10 mois, un remodelage inverse est observé chez 15 patients (65,2 %). Un SDI de 11,5 % a une sensibilité de 83,3 % et une spécificité de 74,6 % dans la prédiction du remodelage inverse. - Maderi étudie les effets de la resynchronisation sur l’IM fonctionnelle au repos et à l’effort chez 20 patients. Les modifications les plus significatives sont constatées à 3 mois où il apparaît une réduction de l’IM corrélée au remodelage inverse du VG et à la disparition de l’asynchronisme. - Cesari et Donal de l’équipe du Pr. Daubert de Rennes montre que, dans la myocardiopathie dilatée (MCD) primitive, il existe une bonne corrélation entre l’asynchronisme électrique et mécanique. Cette corrélation est moins bonne dans la myocardiopathie ischémique (uniquement si QRS > 150 ms). L’évaluation échocardiographique est donc tout à fait indispensable avant l’implantation d’un stimulateur multisite dans les myocardiopathies ischémiques et le serait moins dans les MCD lorsque le QRS > 120 ms.   Valvulopathies D. Detaint de l’équipe de M. Enriquez-Sarano (Mayo Clinic) souligne le rôle essentiel de la surface de l’orifice régurgité (SOR) dans le pronostic des patients présentant une insuffisance aortique. Il s’agit d’une étude prospective portant sur 251 patients asymptomatiques avec un suivi de 10 ans. À 10 ans, le taux de mortalité et d’événements cardiaques (FA, insuffisance cardiaque) apparaît très différent en fonction de l’importance de la fuite. En analyse multivariée, le volume régurgité et la surface de l’orifice régurgité prennent le pas sur la taille du jet et le grade de l’IA, ainsi que le volume télédiastolique. Ainsi, le volume régurgité et la SOR identifient les patients à haut risque. - La même équipe, dans un second travail, s’intéresse plus particulièrement à l’apparition de l’insuffisance cardiaque dans l’IA. Celle-ci est fréquente au suivi à 10 ans et l’évaluation quantitative de l’IA est un prédicteur très fort (figure 10). Aussi, les patients présentant une IA sévère sont-ils à haut risque d’IC et nécessitent un suivi attentif. Enfin, comparant les hommes et les femmes, l’équipe de la Mayo Clinic souligne que les différences dans la présentation clinique sont liées à la différence de surface corporelle. Comme le degré de l’IA apparaît plus petit, le recours à la chirurgie est plus tardif chez la femme que chez l’homme. Il convient donc en routine de normaliser les mesures par la surface corporelle. - L’équipe de Nagueh souligne la fréquence d’une altération de la fonction ventriculaire gauche explorée en DTI (S’ et E’) dans l’IA isolée. S’ et E’ sont significativement plus bas chez les sujets témoins ; la prévalence de cette dysfonction augmente en fonction de la sévérité de l’IA : minime : 31 %, modérée : 45 %, sévère : 68 %. En analyse multivariée, le volume régurgitant et la durée d’évolution de l’IA sont des facteurs indépendants prédictifs de l’altération de S’ et E’. Au total, une dysfonction systolique et diastolique latente est fréquente dans l’IA, pas seulement dans les formes sévères ! Figure 10. Les patients avec IA sévère sont à haut risque d’insuffisance cardiaque. - Selon le même type d’étude, M. Enriquez-Sarano rapporte le suivi de 270 IM fonctionnelles dans la dysfonction VG. Le pronostic est corrélé à la surface de l’orifice régurgité. À 5 ans, la survie des patients avec SOR Ž 20 mm2 est de 50 %, à 10 ans de 23 % ! Après ajustement de tous les facteurs de survie (âge, sexe, FE, NYHA, coronaropathie, HTA) la valeur prédictive de la SOR prend le pas sur tous les autres paramètres d’évaluation de l’IM. - Berwick rapporte l’intérêt de l’écho de stress dans le RA asymptomatique serré. Trente-cinq patients présentant un RA avec surface < 1 cm2 et FE > 50 % ont bénéficié d’un test d’effort sur tapis. En fin de test, 80 % des patients sont en NYHA 1, 20 % en NYHA 2. Pendant le stress, seuls 42,9 % restent en NYHA 1, 37,1 % sont en NYHA 2 et 20 % en NYHA 3. Pendant le test, 51,4 % des patients présentent des modifications du ST et 44,8 % une réponse anormale de la FE qui se corrige dans la minute. Au total, l’écho de stress permet de détecter des symptômes et des anomalies latentes sous-évalués par les symptômes dans cette population de RA serrés (gradient moyen 52,1 mmHg – surface 0,71 cm2). - Enfin, l’intérêt du DTI dans le RA modérément serré a été étudié par une équipe norvégienne. Chez 49 patients asymptomatiques en comparaison avec un groupe témoin, le strain systolique apparaît diminué dans la population de RA, de même que le rapport E/E’. Le degré d’atteinte de la déformation est corrélé à la surface valvulaire aortique et à la vélocité transvalvulaire. Ce travail montre l’existence d’une atteinte infraclinique de la contractilité dans cette population, corrélée à la sévérité de la sténose et à l’augmentation des pressions de remplissage. - Grâce au 3D temps réel (TR), Daimon de la Cleveland Clinic étudie les modifications dynamiques de l’anneau mitral dans l’IM ischémique (25 patients). Dans cette pathologie, la contraction de l’anneau se fait en télésystole et non en protosystole à la différence des sujets témoins. Ces patients ont des surfaces d’anneau systolique et diastolique plus élevées et une contraction moindre. Cette technique confirme que l’altération de la fermeture de l’anneau mitral joue un grand rôle dans la genèse de l’IM. - T. le Tourneau du CHU de Lille compare les données 2D et 3D TR chez 96 patients atteints d’IM, dont 55 sont opérés. Les conclusions sont que le 3D TR apporte des informations complémentaires sur le mécanisme, en particulier dans l’IM restrictive. En revanche, dans ce prolapsus, compte tenu de la résolution actuelle des machines, le 3D peut être en défaut, en particulier pour des PVM commissuraux. - Suri de la Mayo Clinic souligne, à partir d’une étude sur 1 063 prolapsus mitraux, l’importance d’une chirurgie précoce en termes de préservation de la fonction ventriculaire gauche. Comparant les patients ayant bénéficié d’une plastie par rapport aux prothèses, il souligne la moindre mortalité hospitalière de la plastie (0,3 vs 104) et la meilleure récupération de la fonction VG au-delà de la période peropératoire dans le groupe réparation. Les auteurs proposent d’opérer les patients tant que la FE est > 60 % et que le DTS est < 35 mm.

Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.

pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.

Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :

Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :

Version PDF

Articles sur le même thème