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Congrès et symposiums

Publié le 28 fév 2014Lecture 5 min

Fruits et légumes, pourquoi ?

H. LELONG, S. KRETZ, A.YANNOUTSOS, C. TOUBOUL, J. BLACHER, Unité HTA, prévention et thérapeutique cardiovasculaires, Centre de diagnostic et thérapeutique, Hôtel-Dieu, AP-HP, Paris

JESFC

Actuellement, toutes les recommandations de santé publique prônent une alimentation riche en fruits et légumes, en particulier (mais pas seulement) pour la prévention des maladies cardiovasculaires. En effet, en 2012, la Société européenne de cardiologie recommandait la consommation d’au moins 200 mg de fruits et 200 mg de légumes par jour (soit 2 à 3 portions de chaque) pour la prévention des maladies cardiovasculaires(1). En France, la consommation d’au moins 5 fruits et légumes par jour est également un des objectifs du Programme national Nutrition Santé (PNNS)(2) dont la finalité est de diminuer la prévalence des maladies chroniques au niveau populationnel, notamment métaboliques, cardiovasculaires, mais également certains cancers, en améliorant les apports nutritionnels. Les résultats des différentes études épidémiologiques d’observation ou d’intervention rapportent que de nombreux facteurs nutritionnels ont un impact sur le risque cardiovasculaire sans qu’il existe de nutriment ou micronutriment « miracle » isolé. 

Mécanismes d’action   La physiologie des relations entre alimentation et maladies cardiovasculaires est complexe et les mécanismes d’action sont loin d’être totalement élucidés. Divers molécules/micronutriments agissent sur les profils glucidique et lipidique, le stress oxydatif, la fonction endothéliale… Les fruits et légumes contiennent des fibres, des antioxydants qui ont des effets sur les taux de cholestérol ; ils sont également riches en potassium dont la consommation est associée à une baisse de la pression artérielle… De plus, ils ont une faible densité énergétique et sont pauvres en acides gras saturés, ce qui peut en partie expliquer que leur consommation, à la place d’aliments gras, a une action bénéfique sur le profil de risque cardiovasculaire.   Études épidémiologiques   En 2005 et 2006, L. Dauchet et coll. ont publié deux métaanalyses d’études observationnelles portant sur la relation entre consommation de fruits et légumes et risque d’accident vasculaire cérébral, d’une part, et risque de cardiopathie ischémique, d’autre part(3,4). Ces métaanalyses rapportaient une diminution de 5 % (IC95 % : 2-7 %) du risque de survenue d’AVC par portion supplémentaire de fruits et légumes (une portion correspondant à environ 80 g) et une diminution de 4 % (IC95 % : 1-7 %) du risque de cardiopathie ischémique. Les métaanalyses un peu plus récentes de F.J. He et coll. ont abouti à la même conclusion, montrant une diminution de 26 % du risque relatif d’AVC(5) et de 17 % du risque relatif de cardiopathie ischémique(6) associés à la consommation de plus de 5 portions de fruits et légumes contre moins de 3. En 2004, l’étude Interheart(7), étude cas-témoin de grande ampleur, menée dans 52 pays et ayant considéré plus de 15 000 cas de premier infarctus (IDM), rapportait que la consommation journalière de fruits et légumes était un facteur protecteur indépendant du 1er IDM.   Essais d’intervention   Les essais d’intervention randomisés contrôlés ayant comme objectif de montrer une diminution de la morbi-mortalité cardiovasculaire par une plus forte consommation de fruits et légumes sont rares car difficiles à mettre en place en pratique et rarement concluants. Un essai mené en prévention primaire chez des femmes ménopausées(8) dont l’intervention reposait sur des conseils diététiques pour augmenter la consommation à 5 portions de fruits et légumes s’est révélé négatif ; cependant, ce résultat doit être nuancé par le fait que l’intervention n’a eu qu’un impact modéré sur la consommation effective de fruits et légumes. En 2013, un essai d’intervention a montré qu’un régime méditerranéen réduisait de 30 % la survenue d’un premier événement cardiovasculaire chez des sujets âgés de plus de 55 ans(9). Cette étude dans lequel les participants des groupes intervention recevaient, en plus d’être soumis à un régime méditerranéen, soit de l’huile d’olive, soit des fruits à coque, est un des premiers à montrer par un essai contrôlé l’effet protecteur lié à une modification de l’alimentation. Si les essais évaluant l’impact de l’alimentation sur la survenue d’événements cardiovasculaires sont finalement assez rares, d’autres ont permis de mettre en évidence l’effet protecteur des fruits et légumes sur plusieurs facteurs de risque cardiovasculaires. L’essai contrôlé DASH (Dietary Approach to Stop Hypertension) a comparé l’effet de trois régimes chez des patients normotendus ou préhypertendus sur le niveau tensionnel( 10). Les trois régimes correspondaient à un régime riche en fruits et légumes et pauvre en graisses saturées (régime DASH), à un régime seulement enrichi en fruits et légumes et un régime contrôle proche de l’alimentation de la population américaine. Cet essai a montré une baisse de la pression artérielle de 5,5/3 mmHg dans le groupe régime DASH, une absence de modification du niveau de pression artérielle dans le groupe contrôle et une baisse plus modérée mais significative dans le groupe fruits et légumes. La baisse de pression était plus importante chez les patients ayant un niveau de PA initial plus élevé. Concernant le diabète, une métaanalyse d’essais contrôlés randomisés regroupant 23 152 sujets, a montré qu’une intervention nutritionnelle était plus efficace qu’une prévention médicamenteuse sur l’apparition d’un diabète de type 2 (réduction de 48 % du risque d’apparition du diabète)(11).   Fruits et légumes et cancer   En plus du bénéfice cardiovasculaire, la consommation de fruits et légumes a également un effet protecteur sur la survenue de certains cancers. En effet, d’après son dernier rapport, l’Institut américain de recherche sur le cancer (WCRF/AICR rapport 2007) considère que la consommation de fruits et légumes a un effet protecteur sur les cancers de la sphère ORL, de l’oesophage, de l’estomac et du poumon avec un niveau de preuve « probable » et que la consommation d’aliments riches en fibres a un effet protecteur sur le cancer colorectal avec un niveau de preuve « convaincant ».   En pratique    Il apparaît aujourd’hui que des facteurs comportementaux modifiables, et en particulier certains facteurs nutritionnels, sont communs au déterminisme des maladies cardiovasculaires, des maladies métaboliques et de certains cancers. L’identification, les rôles précis des différents facteurs nutritionnels et leurs mécanismes d’action sur l’apparition de ces maladies sont encore à élucider. Cependant, aux vues des données actuelles, la promotion de divers conseils nutritionnels et comportementaux semble légitime, et on recommande : - la consommation d’au moins 5 fruits et légumes par jour ; - de maintenir un poids stable avec un IMC entre 20 et 25 ; - d’avoir une activité physique régulière et de limiter la sédentarité ; - de limiter l’apport en sel ; - chez les consommateurs, de limiter sa consommation d’alcool à 2-3 verres par jour chez les hommes et 1-2 verres par jour chez les femmes ; - de limiter la consommation de viandes rouges et de charcuterie et d’alterner avec des viandes blanches, des poissons et des œufs ; - d’avoir une alimentation variée et adaptée à ses besoins nutritionnels.

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