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Vie professionnelle

Publié le 15 mar 2017Lecture 3 min

Sinistralité et implantation de prothèses rythmiques

Cédric GAULTIER, Cardiologue-expert, MACSF La Défense Paris ; ICV-GVM La Roseraie, Aubervilliers

Sur une population de 7 000 cardiologues français, 3 158 étaient assurés auprès de la MACSF en 2016 dont 22 % avec une activité interventionnelle. La sinistralité annuelle est restée stable ces 10 dernières années, autour de 3 % (soit une plainte durant la vie professionnelle d’un cardiologue). L’objet de cet article est d’analyser la sinistralité concernant l’implantation des stimulateurs (PM) et des défibrillateurs (DAI), en étudiant le profil des patients, la typologie des accidents ainsi que la gravité des dommages. Enfin, il sera tenté de dégager les actions permettant de prévenir et réduire la gravité de ces complications. 

Analyse de la sinistralité Du 1er janvier 2010 au 31 décembre 2015, 27 réclamations ont été déclarées par des rythmologues assurés à la MACSF sur leur activité de PM et DAI. Les patients avaient un âge moyen de 64 ans, avec une très discrète prédominance masculine (55 %). Les actes étaient une primoimplantation de PM dans 62,9 % (17 cas), de DAI ou PM de resynchronisation dans 14,8 %, un changement de boîtier dans 18,5 % ou une sonde d’entraînement électrosystolique dans 3,8 %. Les complications sont pour 22,2 % liées à la voie d’abord (3 hématomes, 3 pneumothorax), 22,2 % des infections nosocomiales (sondes, endocardites, septicémies ou spondylodiscite), 18,5 % des déplacements de sondes, 11,1 % des complications péricardiques, 7,4 % de capsulites rétractiles de l’épaule, 7,4 % des accidents vasculaires cérébraux (relais des anticoagulants sur FA) et 7,4 % de complications sans rapport avec l’acte incriminé. Certains accidents (hématome, drainage) ont évolué vers une surinfection dans 14 % des cas. Ainsi, les infections sont présentes dans un tiers de toutes les réclamations. Si plus de la moitié (51,9 %) des accidents ont évolué favorablement (guérison ou séquelles fonctionnelles modérées ; (déficit fonctionnel inférieur à 10 %), 29,6 % des patients ont gardé des séquelles franches pouvant nécessiter l’assistance de tierce personne. Enfin 18,5 % des patients sont décédés des suites de l’accident. Prévention des complications et optimisation de prise en charge Avec un tiers d’infections, il convient d’apporter une attention soutenue aux actions préventives, d’autant plus qu’elles feront l’objet d’une analyse scrupuleuse en cas d’expertise. Les protocoles de préparation cutanée doivent être réactualisés en concertation avec les infectiologues. La tonte doit être réalisée juste avant l’acte. Une parfaite traçabilité des douches et badigeons d’antiseptiques au bloc, ainsi que l’antibioprophylaxie (fiche de liaison, feuille d’anesthésie) doit être appliquée. En cas de reprise opératoire, il est important de penser à réappliquer ces mesures préventives, facilement oubliées dans l’urgence. Les hématomes étant susceptibles d’augmenter le risque infectieux, il est primordial d’opérer une gestion optimale périopératoire des anticoagulants. Pour augmenter les chances d’enrayer les infections, les praticiens doivent être avertis précocement de l’apparition d’écoulement ou d’inflammation. Lorsque la suspicion d’infection est acquise, une politique d’extraction précoce est recommandée de façon large. Selon l’ancienneté, l’explantation doit être effectuée par des équipes expérimentées et dans des centres lourds, en raison du risque majoré de plaie vasculaire ou cardiaque. Enfin, la mise en culture systématique du matériel retiré et le recours plus fréquent à des infectiologues pour l’antibiothérapie (molécule, dose, durée, voie, etc.) permettent d’augmenter les chances de succès de traitement. Conclusion  La faible sinistralité lors des implantations de prothèses rythmiques reste stable, mais grave (48 % de séquelles lourdes ou décès). Les plaignants sont relativement compréhensifs sur le caractère aléatoire des accidents interventionnels, mais se montrent particulièrement exigeants sur la qualité du dépistage et la gestion des complications. Les infections représentent un tiers des dossiers, le renforcement des mesures préventives et une gestion plus pertinente permettraient de réduire ce risque. Enfin, la gravité des accidents pourrait être limitée par un meilleur partage d’informations entre les rythmologues et leurs confrères cliniciens, les équipes soignantes et les patients eux-mêmes pour dépister plus tôt les complications.

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