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Cœur et sport

Publié le 28 nov 2022Lecture 2 min

Mort subite au cours du sport chez la femme

Orianne WEIZMAN, Hôpital européen Georges-Pompidou, Paris

La pratique du sport a été largement démontrée comme associée avec une réduction de l’incidence des maladies cardiovasculaires. Pourtant, l’activité physique intense comporte un risque d’accident cardiaque et notamment de mort subite(1-3).

ESCAPE-NET est une collaboration européenne de plusieurs centres experts étudiant la mort subite(4). Les données de trois registres européens ont été combinées, incluant plus de 35 000 cas de mort subite en France (Centre d’expertise de mort subite de Paris), aux Pays-Bas (registre ARREST d’Amsterdam) et en Suède (registre suédois de réanimation cardiopulmonaire de Stockholm). Ici, la mort subite était définie comme associée au sport si elle survenait pendant le sport ou dans l’heure suivant l’activité sportive. L’incidence de la mort subite au cours du sport chez la femme était estimée à 0,19 cas par millions de femmes par an contre 2,63 par millions d’hommes par an, soit un risque 13 fois inférieur à celui de l’homme ! Ce ratio est du même ordre quand les données sont analysées séparément par pays et par classe d’âge, sans augmentation du risque après la ménopause. En extrapolant à la population de l’Union européenne, on compterait moins de 100 cas de mort subite au cours du sport dans toute l’Europe chez les femmes par an ! Chez les hommes, cette estimation s’élève à 1 350 cas par an environ. Ce risque moindre ne semblait pas être expliqué par les antécédents et le profil des femmes qui présentaient un âge moyen similaire et une cardiopathie préexistante dans les mêmes proportions que les hommes (40 %). Seul le degré d’intensité de l’effort différait : la mort subite survenait plus souvent au décours d’un effort très intense chez les hommes plutôt que chez les femmes (95,8 % vs 82,5 %, p = 0,003). Pas de différence non plus en termes de prise en charge extrahospitalière : autant de témoins, de réanimation cardiopulmonaire initiée, des délais similaires de prise en charge par le SAMU ou de défibrillation. On notait pourtant significativement plus de rythmes non choquables chez les femmes (40,7 % vs 19,1 % chez les hommes, p < 0,001), malgré des caractéristiques et des délais de prise en charge identiques. La cause de la mort subite au cours du sport était dans la grande majorité des cas étiquetée comme inconnue (non recherchée) ou idiopathique (inconnue, mais recherchée), chez les hommes comme les femmes. Les causes (identifiées) les plus fréquentes étaient l’infarctus du myocarde (environ 30 % des cas) puis les cardiomyopathies et les pathologies électriques (10 % chacune). Enfin, le pronostic à l’admission et à 1 mois après l’événement était plutôt bon comparé aux autres contextes d’arrêt cardiaque extra-hospitalier (60 % de survie à l’admission, 45 % de survie à 1 mois), sans différence entre les 2 sexes.

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