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Carte postale

Publié le 31 aoû 2012Lecture 4 min

La cardiologie interventionnelle à l’Île de la Réunion

C. POUILLOT, Clinique Sainte-Clotilde, Saint-Denis de la Réunion

Un matin de mars 1991, vers la fin de la saison cyclonique à l’Île de la Réunion, je prenais possession des 2 lits qui m’avaient été attribués pour débuter l’activité de cardiologie interventionnelle à la Clinique Sainte-Clotilde…

À 33 ans, frais émoulu du CHU de Rennes, tout était à faire… L’unité de cardiologie diagnostique et interventionnelle (UCDI) de la Clinique Sainte-Clotilde à Saint-Denis de la Réunion, allait naître dans les semaines suivantes. Dès les premières coronarographies réalisées, la nécessité d’un service de cardiologie interventionnelle dédié et surtout d’une unité de soins intensifs coronaires s’imposait. Le temps des « premières » réalisées par l’UCDI à l’Île de la Réunion Dès 1992 : l’ouverture du service de Chirurgie cardiovasculaire au CHD, permettait à l’UCDI de réaliser la première angioplastie coronaire à la Réunion, puis rapidement la première pose de stent coronaire. 1993 : 1re valvuloplastie pulmonaire percutanée, puis mitrale percutanée. 2000 : 1re angioplastie coronaire par Rotablator®. 2005 : 1re mesure de la fractional flow reserve (FFR) coronaire. 2008 : 1re échographie endocoronaire (IVUS). 2012 : 1re imagerie de haute définition coronaire (OCT). Enfin, une demande d’autorisation de TAVI a été déposée à l’Agence régionale de santé.   Dans le même temps, l’équipe médicale s’étoffait avec l’entrée d’associés supplémentaires (Drs G. Rambaud, R. Vi Fane, C. Geyer, K. Bougrini et J. Glasenapp), permettant en plus de l’activité de cardiologie invasive, la gestion de 35 lits d’hospitalisation dont 8 lits d’USIC. L’activité En 2011, l’UCDI a réalisé environ 1 700 coronarographies diagnostiques et environ 700 angioplasties coronaires, ceci représentant à peu près 60 % de l’activité totale de cardiologie interventionnelle à l’Île de la Réunion. L’organisation de la prise en charge des urgences L’UCDI assure l’accueil des urgences cardiologiques 24 h/24, 7 j/7, depuis son ouverture. Prise en charge des syndromes coronaires aigus En accord avec les cardiologues des CH référents et les urgentistes – en raison de délais d’acheminement vers les centres de cardiologie interventionnelle, parfois supérieurs à 1 heure –, une politique de thrombolyse préhospitalière a été mise en place, avec des résultats très satisfaisants. Bien entendu dans les autres cas, nous réalisons des angioplasties primaires.   Particularités de l’activité de cardiologie interventionnelle à la Réunion, par rapport à la France métropolitaine L’incidence importante du rhumatisme articulaire aigu à la Réunion, jusque dans les années 1970, a favorisé l’émergence de valvulopathies, en particulier mitrales, le plus souvent sténosantes. D’où le développement de la valvuloplastie mitrale percutanée dans notre centre, dès 1994. À ce jour, environ 200 procédures ont été réalisées. Cela dit, malgré le recrutement de Mayotte, cette activité s’éteint doucement (4 VMPC en 2011)… Il existe une prévalence très élevée du diabète à l’Île de la Réunion (3 fois > France métropolitaine) : - 10 % de la population générale de la Réunion soit environ 80 000 personnes sont diabétiques… - 34 % des hommes de 60 à 69 ans et 40 % des femmes de la même tranche d’âge sont diabétiques. Ces chiffres sont en augmentation rapide, en raison de l’expansion démographique et du vieillissement de la population. Comment expliquer cette prévalence très élevée du diabète à la Réunion ? Les prédispositions génétiques (population d’origine Indienne) et surtout l’intrication entre un génotype favorisant et des facteurs environnementaux liés à l’évolution très rapide du mode de vie dans l’île ces 5 dernières décennies : - diminution de l’activité physique (déplacement automobile), alimentation riche en lipides saturés et en sucres rapides ; - 50 % des adultes réunionnais sont par ailleurs en surpoids (IMC > 25) ; 10 % des hommes et 20 à 30 % des femmes sont obèses (IMC > 30). Plus encore que l’origine ethnique, c’est la classe socio-économique qui est un facteur de risque d’obésité et de diabète. La forte prévalence du diabète chez nos patients coronariens (40 % de notre base de données d’angioplastie), nous a incité dès 2002 à réaliser un registre de « patients diabétiques à petits vaisseaux (< 2,5 mm) », revascularisés par stent actif (Cypher®) à l’époque. Les résultats de ce registre de petite taille montraient des taux de resténose « in segment » > 40 %, particulièrement préoccupants et très différents des résultats de l’étude RAVEL publiés à cette époque… La recherche clinique à l’UCDI Dès 2005, nous avons commencé à sélectionner nos indications de revascularisation coronaire par la mesure de la FFR. En 2010, l’UCDI a été le premier centre recruteur pour le registre R3F (en cours de publication). Cet engouement pour la FFR a débouché sur la création du Club Francophone de la FFR (1re réunion à Marseille en janvier 2011).   Notre autre axe de recherche clinique est la résistance au traitement antiagrégant plaquettaire et plus particulièrement au clopidogrel. L’UCDI a participé activement à l’étude ARCTIC (résultats attendus AHA 2012) et a commencé à inclure des patients dans l’étude ANTARCTIC.   Le CHU Enfin, la Réunion est devenue Centre Hospitalier Universitaire depuis mars 2012 et dans le cadre du CHU, notre service a été retenu comme terrain de stage validant pour les internes en cardiologie. Nous attendons le premier d’entre eux en novembre prochain…   Nous espérons que ces quelques lignes vous auront convaincu qu’il existe une Unité de cardiologie interventionnelle dynamique dans l’Océan Indien sous le Tropique du Capricorne.

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