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Mise au point

Publié le 05 juin 2017Lecture 6 min

Dispositifs implantables et vie quotidienne - Partie 2

Michel CHAUVIN, Strasbourg

La vie quotidienne n’est pas aussi agressive qu’on pourrait le croire pour les dispositifs implantables. La grande diversité des situations rencontrées nous empêchant d’être exhaustifs dans le cadre de cet article, l’accent sera donc mis essentiellement sur les risques d’interférences électromagnétiques (IEM) qui préoccupent le plus patients et cardiologues.

Les risques électromagnétiques Les sources d’IEM sont nombreuses et les effets potentiels très variés. Essayons de simplifier le problème. Parmi les nombreuses réactions possibles aux IEM, il faut en retenir deux, celles qui se manifestent dans la très grande majorité des cas par : - une inhibition pour les stimulateurs cardiaques ; - une thérapie inappropriée pour les défibrillateurs implantables. Pourquoi ces réactions ? Parce que les champs, variables, induisent des courants dans les systèmes implantés qui « passent » pour une activité électrique cardiaque et les appareils les interprètent comme tels ! Comment les prévoir ? En connaissant : • la nature de la source : seuls les champs électromagnétiques peuvent poser problème (pas les ultrasons, ni les ultraviolets, etc.) ; • l’intensité du champ électromagnétique ; • la distance entre la source et le dispositif implanté : l’intensité d’un champ électromagnétique diminue dans l’espace selon l’inverse du carré de cette distance. Ces paramètres permettent d’estimer à peu près tous les risques. Les champs électromagnétiques rencontrés dans la vie courante sont fort heureusement et, dans la grande majorité des cas, suffisamment atténués en parvenant aux dispositifs pour ne pas provoquer d’accidents. Ils ne constituent donc pas un réel danger pour les porteurs de dispositifs. On se méfiera toutefois des courants conduits par la peau et les tissus car la décroissance en fonction de la distance est différente (c’est le cas, par exemple, des thérapies électriques du kinésithérapeute). Il faut savoir aussi que les défibrillateurs ont tendance à rechercher de faibles courants conduits (c’est leur rôle après tout !) et bien souvent ils les trouvent alors même qu’on ne les ressent pas (appareils ménagers ou de bricolage mal reliés à la terre voire pas du tout). Si dans l’environnement domestique il n’y a pas ou très peu de risques, le problème est différent dans l’univers professionnel : mieux vaut alors étudier les situations au cas par cas avec le médecin du travail. Si l’on sait bien aujourd’hui que les téléphones portables doivent rester à au moins 20 cm des dispositifs, que les portiques antivols des magasins ne sont pas un problème si le patient implanté ne stationne pas entre les plaques de détection, certaines situations méritent quand même qu’on s’y arrête, non pour leur grande dangerosité, mais en raison des fréquentes interrogations qu’elles suscitent. Les plaques chauffantes à induction Leur fonctionnement est basé sur l’induction de courants alternatifs chauffants dans le fond des casseroles ou poêles, par des bobines parcourues d’un courant dit « primaire ». Ces bobines constituent les « feux » ou aires de cuisson. Le courant alternatif induit un champ électromagnétique qui induit à son tour des micro-courants dans le fond en acier ou en fonte des instruments de cuisine (courants dits « de Foucault »). Ces derniers chauffent la casserole par effet Joule. Le courant alternatif qui parcourt la bobine ne chauffe pas et c’est pourquoi il est possible de poser la main sur ces plaques en fonctionnement sans se brûler (à moins d’avoir une main en composants ferromagnétiques, ce qui est plutôt rare). Les plaques à induction sont des matériels électriques basse tension. C’est le champ électromagnétique des bobines qui est potentiellement dangereux pour les dispositifs implantables. Mais si de très rares effets délétères ont pu être décrits, ils ne concernent que des dispositifs anciens réglés en détection unipolaire. Les plaques à induction sont donc sans danger pour les dispositifs implantés. Il convient néanmoins de respecter quelques règles d’utilisation : utiliser des récipients adaptés à ce type de cuisson et couvrir la totalité de la surface de cuisson à induction ; ne pas utiliser des ustensiles métalliques ou comportant un manche en métal ; éviter le contact direct avec les plaques et se tenir éloigner de 20-30 cm des plaques. Les portiques de détection dans les aéroports Il est maintenant bien connu que les portiques de détection des aéroports ne constituent plus un danger potentiel pour les patients implantés d’un stimulateur ou d’un défibrillateur automatique. Sur présentation de sa carte de porteur de dispositif, le patient est invité à contourner le portique. Si par inadvertance le patient passait quand même sous le portique, il n’y aurait de toute façon aucune conséquence pour son dispositif... Une nouvelle interrogation est posée avec les récents portiques ou plutôt cabines entièrement vitrées dans lesquelles les gens se tiennent debout pendant qu’un détecteur effectue autour d’eux un très rapide mouvement circulaire. Ces cabines ont eu très tôt la réputation de « déshabiller » les personnes ! C’est bien entendu parfaitement faux. La détection se fait à l’aide de la terra-technologie utilisant des ondes extrêmement courtes, traversant les vêtements, « réfléchies » par l’eau, en particulier l’eau des tissus biologiques. Des artifices techniques complexes permettent ainsi de détecter armes et explosifs qui seraient cachés. Comme le rayonnement n’est pas absorbé par la peau, les dispositifs implantés qui sont enfouis sous la peau, sont « protégés » par celle-ci et ne seront en aucune façon perturbés par ce type de rayonnement. Les cardio-fréquencemètres et montres connectées Les cardio-fréquencemètres et les montres connectées font partie de plus en plus fréquemment de l’indispensable panoplie du parfait joggeur, cycliste et autre sportif amateur. Sont-ils sans danger pour les dispositifs implantés et surtout les patients qui en sont porteurs ? Bien qu’aucune étude n’ait été publiée sur le sujet, la réponse est sans aucun doute négative au regard des agents physiques utilisés et des normes européennes en vigueur. Assez curieusement d’ailleurs, ce serait plutôt les dispositifs (stimulateurs et défibrillateurs lorsqu’ils fonctionnent en mode anti-bradycardique) qui induiraient des perturbations des cardio-fréquencemètres et des montres connectées ! L’IRM compatibilité Si l’on voulait manier le paradoxe et la provocation, on dirait que la venue de l’IRM compatibilité constitue un non-événement. Pourquoi ? Parce qu’à rechercher à tout prix des appareils et sondes adaptés à la RMN, on a oublié que les systèmes qui ne sont pas « IRM compatibles » peuvent parfaitement passer dans les tunnels sans faire courir de risques aux patients… à la condition de respecter certaines consignes. Ces dernières sont d’ailleurs très proches de celles recommandées par les constructeurs pour leur matériel compatible. Les consignes visent à diminuer (sinon supprimer) les courants induits dans les systèmes par les puissants champs électromagnétiques de la RMN : c’est la finalité des matériels compatibles dont on a parfois (mais pas toujours) modifié l’architecture pour éviter les phénomènes d’induction. Elles consistent encore et quel que soit le matériel, compatible ou pas, à atténuer voire supprimer les effets de ces courants sur les systèmes implantés. Sans entrer dans les détails, les recommandations sont les suivantes, pour les plus importantes : implantations de plus de 6 semaines, pas de sondes épicardiques, pas d’appareil proche de sa fin de vie, arrêt des traitements pour les défibrillateurs, mode asynchrone pour les patients stimulo-dépendants, présence d’un chariot de réanimation avec défibrillateur externe à proximité de la salle, surveillance électrocardiographique ou de l’oxymétrie, etc.  Conclusion  Compatibles ou pas, les dispositifs implantés n’ont jamais représenté un réel danger pour les patients qui bénéficient d’un examen en IRM, à la condition de prendre les précautions que nous venons de signaler.

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