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Vasculaire

Publié le 21 nov 2006Lecture 2 min

Artériopathie des membres inférieurs : l'aspirine pour tous ?

M.-A. SEVESTRE, CHU d’Amiens

L'artériopathie oblitérante des membres inférieurs (AOMI) est une pathologie sous-diagnostiquée, reconnue tardivement, et dont la prévalence augmente avec l'allongement de l'espérance de vie. On estime que 5 % des hommes et 2,5 % des femmes à partir de 60 ans ont des symptômes de claudication intermittente. Les formes asymptomatiques sont 2 à 6 fois plus élevées. Il existe une association très forte entre l'AOMI et les autres localisations de la maladie athérothrombotique et elle est un facteur prédictif indépendant de mortalité par accident vasculaire cérébral ou infarctus du myocarde, avec un décès survenant dans 25 % des cas à 5 ans et 40 % des cas à 10 ans, plus précocement que dans la population générale.

A côté des autres localisations de la maladie athérothrombotique, il existe des facteurs de risque plus spécifiques à l’AOMI comme le tabagisme, le diabète et l'âge.   Le rôle clé de la thrombose Ce profil particulier souligne l'importance de la composante thrombotique chez ces patients, avec une hyperactivité plaquettaire, susceptible de jouer un rôle important dans sa progression. C'est pourquoi les traitements antiplaquettaires sont reconnus comme la pierre angulaire de la prise en charge de cette pathologie, au moins pour en prévenir les complications, sinon pour modifier son cours naturel. Les différentes autorités de santé (Europe, États-Unis) reconnaissent l'importance de cette pathologie et ont édité des recommandations, en particulier sur l'utilisation des agents antiplaquettaires (AAP), au premier plan desquels on trouve l'aspirine à faibles doses, sans curieusement de preuve formelle de son efficacité dans l’AOMI, mais dont l’efficacité dans les sphères coronaire et cérébrovasculaire est souvent extrapolée à ce territoire périphérique.   AOMI : des plaquettes « réfractaires » à l’aspirine ? Ces recommandations se basent en effet le plus souvent sur la métaanalyse de 287 essais publiée en 2002 par l'Antithrombotic Trialists' Collaboration (ATC), qui a démontré l'importance du traitement antithrombotique dans la maladie athéromateuse en général, avec une réduction du risque variant de 9 à 38 % selon la localisation initiale. L'aspirine était le produit le plus utilisé (75 % des essais), mais n'a été testée que dans 5 des 26 essais portant sur l'AOMI symptomatique. Si l'efficacité de l'aspirine dans des pathologies telles que la maladie coronarienne n'est pas à discuter, il semble bien que les plaquettes, chez les patients artériopathes, soient relativement « réfractaires » à l'aspirine, ce qui pourrait expliquer les résultats de l’étude CAPRIE (Clopidogrel vs Aspirin in Patients at Risk of Ischemic Events) où la supériorité d’efficacité du clopidogrel sur l’aspirine est particulièrement manifeste dans le sous-groupe des patients inclus pour une AOMI établie.   Il faut des preuves Pour trancher définitivement cette question, au-delà des résultats globaux de la métaanalyse de l’ATC — qui évaluait l’ensemble de la classe des AAP dans différentes situations cliniques — il serait intéressant d’avoir des données spécifiques d’efficacité et de tolérance de l’aspirine, versus placebo, dans l’AOMI symptomatique afin de proposer le meilleur traitement pour nos patients.

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