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Cardiologie générale

Publié le 15 nov 2005Lecture 4 min

Tous les sports ont-ils le même risque cardiovasculaire ?

D.-M. MARCADET, Paris

On pourrait tout de suite répondre que non, ou plus exactement « non, mais », car les différentes disciplines sportives entraînent des effets cardiovasculaires plus ou moins intenses, mais ceux-ci sont variables suivant la manière de pratiquer. En effet, un sport classé comme non dangereux peut le devenir si l’on ne tient pas compte de tous les facteurs à évaluer pour déterminer son risque, en dehors même de la sévérité de la cardiopathie : les conditions environnementales, le stress, le risque de collision, la notion de compétition et la personnalité du sujet.

Les différents types d'exercice musculaire Rappelons les différents types d’exercices musculaires et leurs effets sur le système cardiovasculaire.   Statique ou dynamique La contraction musculaire peut être statique (sans mouvement) ou dynamique (concentrique ou excentrique). Les effets sur le système cardiovasculaire de ces deux modes d’exercice sont différents. Lors d’un exercice statique, la fréquence cardiaque s’élève moins, mais la pression artérielle s’élève beaucoup plus ; les résistances artérielles s’élèvent fortement alors qu’elles diminuent en cas d’exercice dynamique. Les effets sur le système cardiovasculaire sont d’autant plus importants que l’effort est intense. Dans les efforts les plus violents on se rapproche alors, même dans les sports purement dynamiques, d’une contrainte artérielle identique à celle des sports statiques (arrivée du sprint dans le cyclisme).   Intensité de l’effort L’intensité des sports dynamiques est considérée comme : - faible lorsqu’elle est < 40 % de la VO2 max, - forte lorsqu’elle est > 70 % de la VO2 max, - moyenne entre ces deux valeurs. Pour les sports statiques, l’évaluation est en fonction de la puissance maximale développée : - faible lorsqu’elle est < 20 %, - forte lorsqu’elle est > 50 % - moyenne entre ces deux valeurs.   Classification On peut classer les différentes disciplines sportives en fonction de ces deux critères : part de statique et dynamique dans la discipline choisie et intensité de l’effort (classification de Mitchell. JACC 2005). Cette classification est très controversée car certains sports ne sont pas ou peu pratiqués en Europe ; par exemple, le tennis y est classé au même niveau que la course à pied de longue distance alors que l’examen de ces sportifs montre des résultats très différents sur les paramètres mesurés (VO2, échocardiogramme, etc.). Néanmoins elle a le mérite d’exister et de permettre une approche rapide du type de sport pratiqué. La 26e conférence de Bethesda (JACC 2005) est basée sur cette classification et sur la sévérité de la cardiopathie pour évaluer les contre-indications à la pratique du sport chez les cardiaques.   Le risque cardiovasculaire   Les modifications métaboliques et hémodynamiques au cours de l’exercice peuvent entraîner un risque de thrombose et d’infarctus du myocarde, ou des troubles du rythme, voire une mort subite. Ce risque sera d’autant plus élevé que le sujet est sédentaire. Paradoxalement, plus on fait de sport, moins on a de risque d’avoir un accident cardiovasculaire au cours de l’exercice. Le risque est aussi augmenté lors des poussées de la maladie, en cas d’affection aiguë surajoutée (infection virale), en cas de troubles métaboliques liés à une autre pathologie ou au traitement suivi (hypokaliémie). À côté de ces éléments, il faut tenir compte d’autres facteurs dans l’évaluation du risque à l’exercice. Tout d’abord, les conditions dans lesquelles il s’exerce. L’altitude, la température, le vent, le stress accentuent les effets sur le système cardiovasculaire en apportant une contrainte supplémentaire. Prenons un exemple simple. Le golf est un sport considéré de type IA dans la classification de Mitchell, c’est-à-dire qu’il est classé parmi les moins contraignants pour le système cardiovasculaire, comme le bowling. Pourtant ce dernier se pratique uniquement en salle, donc dans un environnement stable, alors que le golf peut se pratiquer en portant son sac (minimum 10 kg), un jour de tempête, sur un parcours très accidenté avec de fortes pentes. La contrainte cardiovasculaire sera ici très importante, voire maximale pour certains patients ! Il faut aussi tenir compte de la pratique ou non en compétition car, dans ce dernier cas, il y a un risque de « dépassement » de ses propres capacités et donc une contrainte plus élevée. Le profil psychologique du sujet ne devra pas être négligé car certains sujets, même en dehors de toute compétition, veulent absolument faire « plus » ! Enfin, pour un certain nombre de patients, il sera indispensable de connaître le risque de collision, notamment pour ceux sous traitement anticoagulant. On conseille habituellement aux patients cardiaques de s’entraîner en endurance mais la pratique d’exercices statiques modérés a montré son efficacité et son innocuité.   Pour la pratique Le conseil sera bien entendu d’expliquer au patient que la pratique d’un sport nécessite quelques règles simples mais absolument indispensables pour réduire le risque au maximum : – s’entraîner régulièrement à des niveaux d’effort modérés basés habituellement sur les résultats du test d’effort ; – s’échauffer avant tout exercice ; – réduire progressivement l’effort avant l’arrêt ; – consulter en cas de symptômes ; – éviter les exercices en cas d’affection surajoutée. Enfin, on n’oubliera pas qu’en cas de contre-indication, une activité physique modérée en dehors de toute compétition, sera toujours indiquée.

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