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Cardiologie générale

Publié le 12 déc 2006Lecture 4 min

Le coup de foudre

J. CHAPSAL, Paris

Si le contenu de cet article peut conduire à un bouche-à-bouche, il ne s’agit pas, ici, de traiter du coup de foudre amoureux, mais des effets de la foudre sur l’homme. Longtemps associée à des origines divines, la foudre est aujourd’hui empreinte de croyances mythiques et d’idées reçues, entraînant la méconnaissance de ce phénomène. Seule une minorité de spécialistes disséminés dans différents pays et les réanimateurs-urgentistes, beaucoup plus nombreux, connaissent les conséquences du foudroiement au sens propre du terme.

    Une pathologie rare Chaque année en France, au moins une centaine de personnes sont foudroyées : les victimes sont des adolescents ou des adultes jeunes, de sexe masculin pour la plupart. Ce chiffre n’est pas négligeable pour un pays au climat tempéré. Dans le Massif du Mont-Blanc, le nombre de victimes annuelles dépasse rarement 2 ou 3. En France, les foudroiements de personnes se produisent généralement : – en plein air, à distance des zones d’habitation, à la campagne ou en montagne, mais aussi sur des plans d’eau ; – au cours d’activités sportives et de loisirs (promenades, randonnées, etc.) ou lors d’activités banales de la vie quotidienne, et plus rarement au cours d’activités professionnelles (agriculture, bâtiment) ; – pendant les 2 mois les plus orageux de l’année (juillet et août), qui sont aussi les mois de vacances ; – avec prédilection dans les zones qui reçoivent le plus d’impacts au sol, soit approximativement au sud d’une ligne reliant Bordeaux et Strasbourg et particulièrement dans le sud-est.   Une pathologie grave   Un peu de physique La foudre représente un danger majeur en montagne. Phénomène bref (1/1 000e à 1/10 000e de seconde), assourdissant (120-130 décibels) et très lumineux (30 000 degrés kelvins), la foudre se caractérise par de très hautes températures (30 000° C), de hautes tensions (10 à 100 millions de volts), de fortes intensités (de 20 000 à 200 000 ampères) et une importante force explosive (onde de pression de 50 atmosphères). À noter que des coups de foudre peuvent prendre naissance au sommet d’un nuage et frapper un point situé à plusieurs kilomètres en ciel clair, et qu’un ou deux coups de foudre se produisent parfois après l’orage, dans la traîne de pluie fine.   Conséquences À la différence des autres accidents d’électrisation, seule une très faible proportion du courant de foudre passe à travers le corps, la majorité étant dérivée à la surface de la peau. Les manifestations électriques engendrent des secousses musculaires localisées ou généralisées, à même de projeter la victime et d’occasionner des traumatismes. Tout foudroyé est donc suspect, jusqu’à preuve du contraire, d’un polytraumatisme. La victime foudroyée, en général amnésique, peut présenter une confusion, des troubles du comportement, une paralysie ou un coma. Le décès peut survenir par arrêt cardiaque ou respiratoire, voire par hémorragies cérébrales. Les manifestations thermiques entraînent des brûlures superficielles caractéristiques en forme de « feuilles de fougère ». Le risque de brûlures profondes et internes, sur le trajet du courant électrique, est peu élevé. L’explosion (déflagration ou « blast ») provoque des traumatismes des organes internes. La déflagration provoque une rupture du tympan chez 50 % des victimes, des contusions pulmonaires, des hémorragies cérébrales, etc.).   Lésions cardiovasculaires L’arrêt circulatoire advient par asystolie ou fibrillation ventriculaire. Peuvent se voir aussi une atteinte directe du myocarde par effet Joule, une contusion myocardique par l’onde de choc, une thrombose des artères coronaires et/ou périphériques. Une hypovolémie peut avoir deux origines : le crush syndrome (œdèmes extensifs) et une éventuelle lésion traumatique associée. Les troubles du rythme peuvent survenir tardivement, et tout foudroyé doit faire l’objet d’une surveillance ECG pendant au moins 24 heures. À plus long terme, le foudroyé reste psychologiquement choqué et conserve fréquemment des séquelles, allant de la plus simple phobie des orages à un stress posttraumatique invalidant.   En cas de foudroiement L’intervention immédiate de témoins, relayés par une équipe médicale de réanimation d’urgence, est essentielle, ce qui est malheureusement rarement possible. Tout foudroyé est suspect d’atteintes multiples et doit être hospitalisé en unité de surveillance continue, au moins 24 heures. Le tableau clinique peut être très riche, mais les thérapeutiques symptomatiques et préventives (en particulier à visée rénale) des différentes atteintes ont habituellement de bons résultats. Les séquelles sont essentiellement neurologiques et trophiques ; elles sont parfois invalidantes à terme. Il faut informer les personnes foudroyées, leur famille et leur médecin traitant de la survenue possible, parfois retardée, de séquelles neuropsychiques (de la simple phobie à un stress posttraumatique) et oculaires (décollement de rétine et cataracte). Plus précoce sera la détection des séquelles, meilleures seront les chances d’évolution favorable.   Comment prévenir le coup de foudre ?   Enfiler des vêtements secs et une veste imperméable. Éloigner les objets métalliques (par exemple, en montagne, ne pas laisser dépasser crampons, piolet, hors du sac). Éviter de porter des objets métalliques au contact direct de la peau (bagues, chaînes, montres, etc.) qui peuvent occasionner des brûlures profondes. L’usage du téléphone portable par temps d’orage, n’augmentant pas le risque d’être frappé par la foudre, il est primordial de le mettre à l’abri au milieu du sac afin qu’il ne soit pas mis hors d’usage par une décharge électrique intense. Ne pas s’attarder sur des sommets ou des arêtes. Rechercher une zone théoriquement protégée des impacts directs, s’abriter à l’écart des zones humides (cours d’eau, cascade) ou, en terrain boisé, loin des arbres les plus élevés.   En pratique Rassurons-nous, le coup de foudre n’est pas si fréquent, et continuons nos activités physiques de plein air, bien nécessaires à un équilibre physique et psychique.

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