publicité
Facebook Facebook Facebook Partager

Rythmologie et rythmo interventionnelle

Publié le 25 mar 2008Lecture 6 min

DCI : questions pratiques

A. LAZARUS, Clinique Bizet et Clinique du Val d’Or, Saint-Cloud et Paris


Les Journées européennes de la SFC
L’implantation d’un défibrillateur cardiaque implantable (DCI) constitue une étape majeure dans la vie d’un individu. Rescapé d’une mort subite, d’une arythmie ventriculaire grave mal tolérée, à la suite d’une découverte de cardiopathie à risque de mort subite, le patient prend conscience de la fragilité de son existence. Le médecin, cardiologue ou non cardiologue, ainsi que des associations de patients, telle l’APODEC en France, sont là pour informer le patient et l’aider à la gestion de sa vie « après » la pose du défibrillateur afin qu’elle redevienne aussi normale que possible. La prise en charge psychologique inclut l’acceptation de la présence physique de l’appareil et la gestion de l’angoisse liée aux risques de survenue d’une perte de connaissance ou de délivrance d’un choc électrique.

    Vie quotidienne La présence d’un DCI a généralement peu d’impact sur la vie quotidienne, un minimum de consignes de prudence devant être suivies. Il faut surveiller la zone d’implantation de l’appareil et éviter les chocs ou contraintes physiques à ce niveau, tel le port de lourdes charges avec le bras du côté où le DCI est situé, essentiellement durant les premières semaines, ou le port de vêtements trop serrés, potentiellement irritants au niveau du site d’implantation. Un affinement cutané en regard du matériel implanté ou une peau qui se fixe au boîtier, qui devient sensible ou inflammatoire justifient une consultation rapide, avant le stade trop tardif d’ouverture cutanée avec ou sans écoulement.   Prudence avec les interférences électromagnétiques En raison d’interférences potentielles d’ordre électromagnétique, des précautions sont nécessaires avec certains appareils. Il est en particulier recommandé de franchir les portiques de détection antivol des magasins à une allure normale (ne pas rester immobile et collé contre le portique), de ne pas approcher les téléphones mobiles, voire certains lecteurs MP3, à moins de 15 centimètres de l’appareil (par principe, on conseille de porter le téléphone à l’oreille opposée au site du DCI, même si certains appareils comportent des filtres spécifiques pour la téléphonie mobile) et de se méfier des mini-aimants au néodymium présents sur certains vêtements ou bijoux. Contrairement à une croyance persistante, l’usage des fours à micro-ondes ne présente aucun risque avec les normes en vigueur pour ces appareils. Par contre, les plaques de cuisson à induction sont à éviter, le champ magnétique pouvant désactiver les thérapies antitachycardiques comme le ferait l’application d’un aimant sur le DCI. Comme pour tout individu, il est de bon sens d’éviter les situations à risque d’électrocution en coupant l’alimentation électrique d’appareils ou moteurs sur lesquels on effectue des travaux ou réparations. De même, il faut éviter d’approcher un moteur électrique en fonctionnement (ex : perceuse) à proximité immédiate du DCI.   Du sport, mais en douceur Sauf contre-indication par ailleurs, une vie sexuelle normale est possible avec un DCI. Il en est de même pour les activités sportives, à l’exception de celles pouvant mettre en danger la vie du patient en cas d’arythmie ventriculaire (plongée sous-marine), en évitant si possible les mouvements extrêmes et rapides de moulinet avec le bras (natation en crawl) ou les mises en tension intenses ou étirements du matériel (suspensions par les bras).   La conduite automobile À titre privé, elle est autorisée après une phase d’interdiction temporaire de durée variable selon que le DCI était indiqué en prévention primaire ou secondaire, et selon la législation en vigueur dans chaque pays. En France, pour les permis légers, une aptitude temporaire de 2 ans pourra être donnée sous réserve d’un suivi spécialisé régulier. Figure 1. Tachycardie ventriculaire enregistrée par un défibrillateur double chambre. L’analyse du tracé mémorisé lors de la visite supplémentaire motivée par cette première délivrance d’un choc confirme le bon diagnostic avec traitement approprié et efficace sous la forme d’un choc de 31 J. (ligne du haut : électrogramme atrial ; ligne du bas : électrogramme ventriculaire. À gauche, tracés avant le choc et à droite, électrogrammes enregistrés après le choc). Figure 2. Les tracés transmis par télécardiologie permettent d’identifier rapidement cette arythmie, non perçue par le patient mais traduisant et s’accompagnant d’une détérioration de son statut hémodynamique par perte de la systole atriale et disparition de la resynchronisation ventriculaire par conduction auriculo-ventriculaire spontanée en arythmie (de haut en bas, marqueurs de détection/stimulation, électrogramme atrial, électrogramme ventriculaire droit et électrogramme ventriculaire gauche). Vie professionnelle Une reprise aussi rapide que possible de l’activité professionnelle est recommandée, mais nécessite de déterminer l’aptitude au poste de travail précédemment occupé, en prenant en compte les capacités physiques du patient et le risque d’interférences liées au milieu environnant (ex : champs électro-magnétiques). Ainsi, la conduite automobile à titre professionnel est en règle considérée comme une contre-indication définitive.   Aspects médicaux Le patient doit être informé de l’attitude à adopter en cas de palpitations ou de malaise pouvant annoncer des troubles de conscience plus sévères et la délivrance d’une thérapie. Il est recommandé de s’étendre, dans la mesure du possible, afin d’éviter les conséquences d’une chute en cas de perte de conscience, et de demander à l’entourage d’appeler le 15 si les troubles ne cédaient pas. Il est également important de préciser au patient la sensation induite par la délivrance d’un choc électrique, certes variable suivant les individus, les caractéristiques de l’arythmie et l’intensité du choc, allant du simple sursaut dans la poitrine à la sensation d’un coup violent ou douloureux accompagné d’une contracture musculaire thoracique transitoire. Il est essentiel que le patient comprenne que le choc est salvateur, hors thérapies inappropriées, et que le vrai danger est représenté par l’arythmie ventriculaire ayant justifié le choc émis. Si quelqu’un touche de la main le patient lorsqu’un choc est émis, il peut ressentir une contraction mineure, en règle sans danger. En cas de choc durant un rapport sexuel, le/la partenaire peut également percevoir une vibration liée à la transmission atténuée de l’énergie électrique délivrée.   Une surveillance régulière Des visites de surveillance sont indispensables pour optimiser le fonctionnement du DCI, réalisées 1 mois après l’implantation puis au moins tous les 6 mois. Il est essentiel de respecter les consignes de suivi pour optimiser la thérapie et la longévité de l’appareil. Des contrôles supplémentaires sont justifiés dans les jours suivant le premier choc reçu, afin de déterminer s’il s’agit d’une thérapie appropriée, ou le jour même dans le cas d’une série de chocs, pouvant correspondre à un orage rythmique ou à un problème technique. Un suivi médical régulier auprès du cardiologue et du médecin traitant est indispensable parallèlement au contrôle spécialisé de la prothèse, pour prise en charge de l’état cardiologique général et optimisation du traitement médicamenteux. Le patient, comme son médecin, doit être informé des inconvénients potentiels liés à des changements de traitement médicamenteux : • risque de modification des caractéristiques des arythmies ventriculaires spontanées pouvant conduire à des problèmes diagnostiques (sous-détection par ralentissement de la cadence ventriculaire en arythmie ; diagnostic inapproprié, par exemple par tachycardie sinusale en zone de « tachycardie ventriculaire » chez un sujet jeune suite à l’arrêt de bêtabloquants) ; • ou à une thérapie inefficace (élévation du seuil de défibrillation avec certains antiarythmiques). Il faut donc insister sur la nécessité de se conformer au traitement prescrit, sans l’interrompre inopinément et en évitant l’automédication.   Le télésuivi Depuis quelques années, des systèmes de télésuivi des prothèses sont développés pour faciliter le suivi et améliorer la prise en charge des patients, permettant une détection précoce en cas d’anomalies médicales ou techniques et ouvrant à terme la voie à une diminution du nombre des visites de surveillance systématiques. Par ailleurs, certains DCI peuvent émettre des bips sonores ou vibrer dans des conditions médicales ou techniques anormales ; il est souhaitable d’en faire la démonstration au patient afin qu’il puisse reconnaître ces signes et contacter le centre de stimulation si la situation se produisait.   La carte de porteur de DCI Elle doit être en permanence en possession du patient. Elle inclut les références du matériel, la programmation en cours et les coordonnées du centre de stimulation et des médecins en charge du malade. Elle doit être présentée aux professionnels de santé rencontrés, afin de favoriser le respect des contre-indications à certaines explorations (IRM) ou thérapeutiques (radiothérapie). En cas d’interventions chirurgicales avec usage du bistouri électrique (bistouri bipolaire de préférence), il est d’usage de désactiver le DCI en préopératoire et de vérifier son fonctionnement tout en réactivant les thérapies antitachycardiques dans les suites de l’intervention.   En pratique Au prix de contraintes mineures, la plupart des porteurs de DCI peuvent ainsi retrouver une vie normale en attendant le remplacement de l’appareil après 4 à 8 ans de fonctionnement.

Attention, pour des raisons réglementaires ce site est réservé aux professionnels de santé.

pour voir la suite, inscrivez-vous gratuitement.

Si vous êtes déjà inscrit,
connectez vous :

Si vous n'êtes pas encore inscrit au site,
inscrivez-vous gratuitement :

Version PDF

Articles sur le même thème

Vidéo sur le même thème