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ANNIVERSAIRE

Publié le 15 déc 2018Lecture 5 min

Cath’Lab, déjà 10 ans

René KONING, Clinique Saint-Hilaire, Rouen

C’est un honneur et une grande confiance de la part des deux rédacteurs en chef, Philippe Durand et Romain Cador, de me confier un « billet d’humeur » pour les 10 ans de Cath’Lab !
Quel succès ! Créée en 2008, Cath’Lab est la seule revue francophone de cardiologie interventionnelle inondant tous les 3 mois nos salles. Sa notoriété au fil des ans l’a rendue incontournable et en 2016 le bureau du GACI a estimé que Cath’Lab permettrait de mieux diffuser à toute la communauté ses travaux de l’ombre. Facile à trouver, y compris dans les endroits les plus reculés du cathlab, facile à lire avec des mises au point brèves d’experts, des polémiques, des cas cliniques bien illustrés et le point sur les nouveautés de l’industrie, la revue Cath’Lab est devenue l’une de nos préférées. C’est bon de lire un vrai journal avec du vrai papier, bien illustré et confortablement installé, les pieds sur le bureau, en fin de journée... !

En 10 ans, Cath’Lab a relaté tous les TOPS et les FLOPS de notre merveilleuse discipline. Voilà ce que j’ai retenu. Le TAVI C’est à mon avis la seule véritable révolution thérapeutique de ces 10 dernières années. Avec une pratique régulière et après une analyse fine de l’angioscanner tout en maîtrisant bien les fermetures percutanées, on peut magiquement, en à peine 45 minutes, transformer et sauver la vie d’un patient de plus de 80 ans en bon état général qui, inéluctablement, devait mourir dans l’année... • Le flop : pourquoi toujours refuser ce geste à un centre expérimenté de haut volume sans chirurgie cardiaque, alors que les seules complications sont vasculaires... ! Mon maître, le génial Alain Cribier, a mis au point cette technique percutanée pour le cardiologue interventionnel. Arrêtons cette transhumance de patients âgés, voire très âgés, vers des centres soi-disant plus experts dès que l’activité et le savoir-faire sont là ! Voilà le TAVI kidnappé par les centres chirurgicaux et/ ou quelques « lobbies ». Laissons aux chirurgiens, les TAVI par voies accessoires vasculaires complexes et la chirurgie de remplacement valvulaire des bicuspidies aortiques des sujets plus jeunes qu’ils font si bien. Qu’ils continuent à pratiquer leur art, si différent du nôtre, on aura toujours besoin d’eux. Comme pour l’angioplastie, chaque ARS régionale devra prendre ses responsabilités : évaluer et savoir autoriser le TAVI sans chirurgie sur place autre que la chirurgie vasculaire quand cela rend service à la population. Notre outil de base, les stents actifs Ils sont passés de la première à la 3e génération avec des mailles de plus en plus fines, des polymères résorbables, certains mêmes sans polymère, avec des incidences de thrombose < 1 %. On peut en placer partout et facilement... ! • Le flop : quid des effets néfastes de l’encagement sur le long terme du vaisseau coronaire, du néoathérome avec ses resténoses tardives de plus en plus fréquentes ? On a cru que le BVS allait tout régler mais « la charrue a été mise avant les bœufs » afin de commercialiser au plus vite ce dernier. Toutefois, ces 10 années de recherche ne sont pas perdues et je reste, persuadé que les BRS, métalliques ou plastiques, reviendront plus sereinement dans des indications bien ciblées, chez les patients jeunes pour lesquels on ne veut pas abusivement « ferrailler » les coronaires. Les patients dits « chirurgicaux » en 2008 : tronc commun, tritronculaires sévères et CTO Les publications princeps de SYNTAX, EXCEL, etc., études randomisées entre chirurgie coronaire et stents ont permis de mieux encadrer les indications de revascularisation que l’on discute désormais systématiquement en Heart Team, physiquement ou instantanément par WhatsApp… ! Quels progrès fantastiques depuis 10 ans dans la prise en charge des occlusions chroniques grâce à une évolution technologique extraordinaire et au savoir-faire, le plus souvent, de jeunes samouraïs passionnés qui nous assurent qu’ils n’oublieront jamais les bonnes indications ! • Le flop : comment accepter en 2018, que l’on n’encadre toujours pas la pratique du stenting du tronc commun (au moins 25/opérateur/an) et que l’on permette des « CTO sauvages » dans des centres sans formation ou volume suffisant alors que parallèlement la pratique des TAVI chez les nonagénaires reste sanctuarisée. L’imagerie radiologique, la radioprotection, l’apport incontournable de l’OCT et la FFR Leurs progrès constants font que nous sommes de moins en moins des plombiers sans cervelle et de plus en plus des physiologistes dans la réflexion… • Le flop : n’abusons pas de ces outils ; rappelons simplement que toute exploration diagnostique et thérapeutique invasive, en dehors des SCA, sera réfléchie cliniquement et indiquée après la réalisation de tests ischémiques performants partout à notre disposition. L’évaluation de nos pratiques On ne démontre plus l’intérêt des registres de vraie vie « on line », utilisant le logiciel métier, type SCAAR, généralisé dans tous les pays nordiques, qui améliorent et homogénéisent les pratiques au sein d’une nation, sans parler du merveilleux outil de recherche qu’ils représentent. Avec le soutien du GACI et des tutelles (ministère et ARS régionales) nous tentons de mettre en place depuis 2015, France PCI (Centre, Normandie et Auvergne) ; l’objectif est pratiquement atteint. • Le flop : que d’énergie dépensée sans compter par les protagonistes et que de résistance et inertie administrative rencontrées, la France étant un des derniers pays européens à ne pas avoir de registre national, digne de ce nom. Soyez rassurés : s’il y a des « coups de gueule », ce billet d’humeur reste avant tout dans la bonne humeur ! La liberté de ton de ce billet est à l’image de l’esprit qui anime cette revue à laquelle je souhaite un joyeux 10e anniversaire. Elle n’a plus qu’à continuer à prospérer dans l’intérêt de toutes les équipes médicales et paramédicales francophones de la planète cardiologie interventionnelle.

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