Télécardiologie - Détection et traitement précoce des arythmies atriales chez les patients porteurs de stimulateurs cardiaques

SETAM (Strategy of Early deTection and Active Management of supraventricular arrhythmia with telecardiology) est une étude randomisée, en simple aveugle, menée dans 57 centres français appartenant au Collège National des Cardiologues des Hôpitaux (CNCH). L’étude portait sur 595 patients, âgés en moyenne de 79 ans, porteurs d’un stimulateur double-chambre, sans antécédent d’arythmies atriales et avec un score de risque embolique CHA2DS2-VASc moyen de 3,7. Les patients suivis pour une durée de 12 mois étaient répartis en deux groupes : un groupe actif suivi à distance grâce au système Biotronik Home Monitoring® et un groupe contrôle suivi de façon conventionnelle. Le système de surveillance était programmé pour une détection optimale des arythmies atriales définie comme la détection d’un épisode atrial long > 6 h ou d’une charge en arythmies atriales > 10 % par jour. Le dispositif de transmission appelé CardioMessenger était délivré dans les 2 groupes afin de préserver le simple aveugle et de permettre une analyse a posteriori des données. Cependant, les notifications d’événements n’étaient envoyées que pour les patients du groupe actif. Une télésurveillance utile et fiable Le taux de données transmises par télécardiologie était de 87 % en moyenne. Les notifications relatives aux arythmies atriales transmises par la télécardiologie se sont révélées fiables dans 93 % des cas (confirmées par l’analyse des tracés enregistrés par le stimulateur). Les 7 % de notifications inadéquates concernaient essentiellement des épisodes de tachycardies ventriculaires non soutenues ou des signaux parasites. Une détection et une prise en charge précoce Des arythmies atriales ont été détectées chez 149 patients (25 %), sur la base d’EGM stockés dans le stimulateur. L’étude a montré que le délai de début de prise en charge de ces arythmies avait été réduit de 110 jours grâce à la télésurveillance ; 75,7 % des arythmies atriales détectées dans l’étude SETAM étaient asymptomatiques, d’où l’intérêt de la détection par télécardiologie. Au cours du suivi, un traitement pour arythmies atriales a été initié chez 92 patients, parmi lesquels 55 % ont reçu des antiarythmiques et 80 % ont reçu un anticoagulant. Il s’est par ailleurs avéré que les patients qui n’avaient pas reçu de traitement avaient une charge atriale significativement plus faible que ceux qui avaient été traités (0,04 % ± 0,09 vs 10,1 % ± 23,4 ; p = 0,002). Une réduction de la charge atriale La charge atriale, définie par le pourcentage de temps par jour passé à une fréquence auriculaire > 200 cpm, était réduite en fin d’étude de 4 h/j (18 %) chez les patients suivis par télécardiologie. Cette réduction de charge atriale a pu être observée dès le 9e mois de suivi (figure). Figure. Charge atriale cumulée sur 12 mois. Conclusion L’étude SETAM a démontré que le suivi par télécardiologie chez les patients porteurs de stimulateurs cardiaques, sans antécédent d’arythmies atriales, permet un diagnostic et une prise en charge précoce des arythmies atriales et la réduction par la suite de leur charge atriale. Une étude de plus grande ampleur avec un suivi plus long serait particulièrement utile pour déterminer si le suivi à distance permet également de réduire l’incidence des événements thromboemboliques via l’initiation plus précoce des anticoagulants.