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HTA

Publié le 16 fév 2010Lecture 5 min

Mise au point : variation de PA et variation de température

O. HANON, Paris

Les Journées d’HTA

Depuis les années 1970, on sait qu’il existe une relation entre la survenue des décès et les saisons. Ainsi, la mortalité est plus élevée en hiver qu’en été. De plus, la prévalence des maladies et des décès varirait selon la température en Angleterre, en Australie, en Ontario et au Danemark.

Ainsi, la mortalité par maladie respiratoire, grippe, et maladie cardiovasculaire est d’autant plus élevée que la température ambiante est basse. Une étude écossaise portant sur 11 800 patients réalisée dans les années 1960 avait montré que la mortalité cardiovasculaire diminue de 27 % à 22 % entre le mois de janvier et le mois de juin, reste basse jusqu’au mois de septembre et augmente à nouveau à l’automne. Cette fluctuation saisonnière est aussi observée sur la survenue des infarctus du myocarde dans une étude de registre réalisée aux Etats-Unis. Ainsi, en hiver le risque de décès par infarctus du myocarde ou de mort subite est augmenté de 17 % par rapport à l’été. De même lorsque la température est < 0 °C, le risque est augmenté de 20 % (IC : 7-35 %), par rapport à une température de référence comprise entre 18 et 30 °C. Il n’y a, en revanche, pas d’influence de la pluviométrie. Le même type de courbe est observé pour les AVC dont la fréquence et la gravité sont moins élevées en été qu’en hiver. Les variations saisonnières de PA ont été étudiées dans les années 1980 au cours de l’essai MRC (17 000 patients de 35 à 64 ans ayant une HTA avec une PAD > 90 mmHg traités par bendrofluazide/propranolol contre placebo). Dans cette étude, la PA était plus élevée en hiver dans le groupe placebo, en particulier chez les patients les plus âgés. Dans le groupe des patients âgés de 55 à 64 ans, la PA systolique était de 150 mmHg en moyenne en hiver et de 140 mmHg au mois de juin, suivie d’une élévation de la PA lors de l’automne suivant. Dans cette même étude, l’effet de la saison sur la variation de la PA est observé aussi bien chez les hommes que chez les femmes. Il est intéressant de noter que des variations saisonnières de la PA sont aussi observées chez les patients en hémodialyse chronique alors même que la PA est régulée par les séances d’hémodialyse : la PA est nettement plus élevée au mois de janvier qu’au mois de juillet.   La PA est inversement corrélée à la température extérieure Il existe une relation linéaire entre la PA et la température extérieure. Ainsi, plus la température externe est élevée, moins la PA est élevée. Une autre étude s’est intéressée aux variations saisonnières de la PA en fonction de la température au domicile des patients ou de la température extérieure. Pour toute baisse de 1 °C de la température dans le lieu de vie, on observe une élévation de 1,3 mmHg (IC ; 0,8-1,8 mmHg) de la PAS. Cette relation est moins marquée avec la température extérieure (0,8 mmHg (IC : 06-1,1)). Les méthodes de mesures plus modernes que sont la MAPA et l’automesure tensionnelle confirment la variation saisonnière. Ainsi, en automesure dans une population de patients japonais hypertendus, la PA était de 138 mmHg en hiver et de 132 mmHg en été, remontant à 135 mmHg en automne, en moyenne. La relation entre température extérieure et PA est donc connue depuis longtemps mais les études ont toujours porté sur de petits échantillons souvent très sélectionnés. Il n’y a pas d’études spécifiques chez les personnes âgées. L’étude des 3 cités a évalué l’évolution de la PA en fonction des saisons et de la température. Cette étude a inclus une cohorte de 8 801 sujets de plus de 65 ans habitant Bordeaux, Dijon et Montpellier. La PA était mesurée par un appareil automatique de type Omron. Les données météorologiques étaient recueillies par la température à 11 heures dans les 3 villes associée à une mesure de la pression atmosphérique. Les mesures de PA et de température ont été réalisées à l’inclusion il y a 2 ans. À l’inclusion, la PA est différente selon les saisons. Ainsi, en hiver la température moyenne de 7,5 °C correspond à une PA de 149/82 mmHg. En été la température moyenne est de 21,9 °C et la PA est de 144/81 mmHg. La FC est faiblement affectée. Elle est plus faible en automne. L’analyse spectrale confirme la périodicité de la PA selon les saisons. Entre le quintile de température le plus bas (< à 7,9 °C) et le quintile le plus élevé (≥ 21,2 °C) on observe une variation de 8 mmHg de PA systolique passant de 150 mmHg à 142 mmHg. Il n’y a aucune influence de l’âge, du sexe, du traitement, de l’indice pondéral ou de la pression atmosphérique. Les variations intra-individuelles de PA systolique selon la variation de température extérieure sont plus marquées chez les personnes âgées. Ainsi, pour des températures en dessous de 15 °C, la variation chez les patients de plus de 80 ans est de 5 mmHg, alors qu’elle n’est que de 0,8 mmHg chez les patients de 65 à 74 ans. Pour une augmentation au-delà de 15 °C, la baisse de PA est de 13,8 mmHg chez les patients de plus de 80 ans, et de 9,9 mmHg chez les patients de 65 à 74 ans. Les mécanismes de variation de la PA à la chaleur sont multiples. Ils incluent : – une vasodilatation qui réduit les résistances vasculaires périphériques et la PA ; – une modification du volume extracellulaire par la sudation. qui aboutit à une réduction de la volémie. Le rôle des modifications environnementales reste à prouver. En effet, l’activité physique est un peu plus élevée en été, alors que la consommation d’alcool et les apports nutritionnels sont moindres. À l’inverse, la réponse au froid induit une vasoconstriction qui augmente la PA, l’activité du système nerveux sympathique, lequel augmente la FC. L’augmentation de la sécrétion des catécholamines est associée à une altération de la viscosité sanguine (qui peut par ailleurs favoriser des accidents thrombotiques). Certains ont aussi montré l’existence d’une variation saisonnière de la vasodilatation endothélium-dépendante, plus marquée l’été que l’hiver.   En pratique   Il existe une relation entre température extérieure et PA, dont l’amplitude est parfois importante. Cette relation est d’autant plus forte que les personnes sont âgées. Il faut donc être attentif aux variations de température, en particulier chez les personnes âgées ou très âgées. Lorsque la température extérieure ou environnementale est élevée, le risque d’hypotension, de malaise et de chute est plus élevé. Lorsque la température est basse, le risque d’augmentation de la PA est plus important. Le risque de survenue d’événements cardiovasculaire est aussi accru. La question d’une modulation du traitement selon la saison peut se poser mais son intérêt n’a pas encore été prouvé.

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