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Diabéto-Cardio

Publié le 25 mai 2021Lecture 3 min

Plus que celle du diabète de type 2, la responsabilité de l’insuffisance rénale est essentielle dans le pronostic des patients insuffisants cardiaques

Bernard BAUDUCEAU, Saint-Mandé

L’amélioration de la prise en charge et l’augmentation de l’espérance de vie chez les patients diabétiques font que certaines complications occupent aujourd’hui une place essentielle. C’est ainsi que l'insuffisance cardiaque, l'insuffisance rénale chronique (IRC) et le diabète de type 2 (DT2) sont devenus des pandémies majeures du XXIe siècle. Cependant, chez les personnes présentant une insuffisance cardiaque de découverte récente, les relations et la responsabilité de l’insuffisance rénale et du diabète de type 2 dans la fréquence des hospitalisations et des décès au cours des 20 dernières années sont encore mal évaluées.

Dans le but de répondre à ces questions, une étude observationnelle a été menée en Angleterre de 1998 à 2017 en utilisant le « UK Clinical Practice Research Datalink ». Les participants étaient des personnes âgées de 30 ans et plus, présentant une insuffisance cardiaque de découverte récente. La répartition des différents groupes était réalisée selon l’existence ou non d’un diabète ou d’une insuffisance rénale : – insuffisance cardiaque sans DT2 ni IRC (groupe de référence) ; – insuffisance cardiaque avec IRC sans DT2 (débit de filtration glomérulaire estimé [DFGe] < 60 ml/min/1,73 m2) ; – isuffisance cardiaque avec DT2 sans IRC ; – insuffisance cardiaque avec DT2 et IRC. La gravité de l’IRC était définie, comme cela est classique, en fonction du DFGe : – stade-3a (DFGe de 45-59 ml/min/1,73 m2) ; – stade-3b (30 à 44) ; – stade 4 (15 à 29) ; – stade-5 (< 15). L’évaluation des résultats de cette étude se fondait sur les taux d’hospitalisation pour raison cardiovasculaire et non cardiovasculaire ainsi que les décès de toutes causes confondues. La population totale de l’étude était constituée de 87 709 patients atteints d’insuffisance cardiaque (âge moyen : 78 ans et 49 % de femmes). Parmi ces malades, 40 % souffraient uniquement d'IRC, 12 % de DT2 sans IRC et 16 % présentaient à la fois une IRC et un DT2. Les taux d'hospitalisation pour maladie cardiovasculaire normalisés selon l'âge étaient significativement plus élevés chez les patients insuffisants cardiaques atteints uniquement d'IRC (46,4 pour 100 personnes-années) et de DT2 uniquement (49,2 pour 100 personnes-années) par rapport au groupe de référence indemne d’IRC et de DT2 (35,1 pour 100 personnes-années). Le taux le plus élevé était observé chez les patients atteints de DT2 et d’IRC stade 5 (89,1 pour 100 personnes-années). Des tendances similaires ont été observées pour les hospitalisations et les décès sans lien avec une maladie cardiovasculaire. Les différences selon les groupes sont restées significatives après ajustement selon les facteurs potentiels de confusion. La survie médiane de ces patients insuffisants cardiaques était la plus élevée dans les groupes de référence sans DT2 ni IRC (4,4 ans) et chez les DT2 sans IRC (4,1 ans) par rapport au groupe présentant une IRC sans DT2 (2,2 ans). La survie du groupe des insuffisants cardiaques présentant un DT2 et une IRC variait selon le degré de l’insuffisance rénale de 2,8 ans (stade 3a) à 0,7 an (stade 5). Au fil du temps, les taux d'hospitalisation pour maladie cardiovasculaire ont augmenté de manière significative pour les groupes IRC sans DT2 (+ 26 %) et se sont réduits dans le groupe DT2 sans IRC (-24 %). En revanche, aucune réduction des hospitalisations n'a été observée dans le groupe des insuffisants cardiaques avec DT2 et IRC quelle que soit la sévérité de l’insuffisance rénale. Ces tendances étaient similaires pour les hospitalisations qui n’étaient pas motivées par des raisons non cardiovasculaires et les décès de toutes causes confondues. Les taux de mortalité étaient significativement réduits pour le groupe DT2 sans IRC (-37 %) alors que l'amélioration n'a été observée dans aucun des groupes associant DT2 et IRC. Dans cette cohorte de personnes présentant une insuffisance cardiaque de découverte récente, les hospitalisations et les décès étaient élevés chez les patients atteints de DT2 ou d'IRC et pires chez ceux présentant ces deux comorbidités. Alors que les résultats se sont améliorés au fil du temps pour les patients atteints d’insuffisance cardiaque et de DT2, des tendances similaires n'ont pas été observées chez ceux atteints d'IRC. L’importance et la gravité de l’IRC conduit à rendre encore plus indispensable l’établissement de stratégies pour la prévenir et la gérer chez les personnes atteintes d'insuffisance cardiaque qu’elles soient ou non diabétiques. Publié par Diabétologie Pratique

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