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Diabéto-Cardio

Publié le 20 avr 2021Lecture 4 min

Le risque cardiovasculaire du diabète de type 2 est d’autant plus important que l’âge de découverte a été plus précoce

Louis MONNIER, Montpellier

Peu d’études ont analysé l’influence de l’âge de découverte d’un diabète de type 2 sur le risque d’apparition de complications micro- et macrovasculaires. Ce risque est proportionnel à l’exposition chronique au glucose, qui dépend elle-même de l’intensité et de la durée des désordres glycémiques. Compte tenu de ces constatations, on peut penser logiquement qu’un sujet jeune qui développe un diabète de type 2 et qui a une espérance de vie relativement longue a plus de risque de développer des complications diabétiques qu’un sujet dont le diabète apparait tardivement et qui a une espérance de vie beaucoup plus courte. De plus, il est maintenant bien connu que dans le monde actuel le diabète de type 2 est une maladie de plus en plus fréquente et surtout qui apparaît chez des personnes de plus en plus jeunes.

Pour savoir si ces sujets ne sont pas des cibles privilégiées pour le développement de complications, un groupe de scientifiques originaires de plusieurs pays a conduit et publié une métaanalyse regroupant 26 études observationnelles et portant sur un grand nombre de sujets (n = 1 325 493) recrutés dans 30 pays. L’étude a porté sur des sujets ayant développé un diabète de type 2 à des âges variables et pour lesquels le suivi à long terme a permis d’évaluer le devenir en termes de mortalité et de complications diabétiques. Après ajustement sur l’âge actuel du sujet, les auteurs ont étudié, l’effet de l’âge de découverte du diabète sur plusieurs paramètres : la mortalité quelle qu’en soit la cause, le risque de complications macrovasculaires (un composite de maladies coronariennes, de maladies cérébrovasculaires et d’artériopathie des membres inférieurs) et microvasculaires (un composite de rétinopathie, néphropathie et neuropathie). Dans un deuxième temps les auteurs ont détaillé les résultats en fonction de chacune des complications considérées de manière séparée. Pour compléter l’étude les auteurs ont ensuite étudié l’effet de l’âge de découverte du diabète, non pas après ajustement sur l’âge actuel du patient mais sur la durée d’évolution du diabète. À noter que ces ajustements sur l’âge actuel et la durée du diabète sont indispensables car ces 2 facteurs jouent un rôle majeur sur le risque de développement de complications diabétiques. Les résultats sont résumés sur le tableau. Ils montrent qu’il existe une relation inverse entre l’âge au moment du diagnostic du diabète et le risque de complications diabétiques après ajustement sur l’âge. La relation peut être décrite de la manière suivante : pour toute augmentation de un an dans l’âge de découverte du diabète on observe respectivement une diminution de 4 %, 3 % et 5 % du risque de décès, de complications macro- et microvasculaires. Tableau. Réduction du risque de décès ou de complications (en pourcentage) pour toute augmentation de 1 an dans l’âge de diagnostic du diabète de type 2 (résultats après ajustement sur l’âge actuel). Pour exprimer ces résultats de manière plus concrète, prenons l’exemple de 2 sujets dont les âges de découverte du diabète sont respectivement de 30 et 50 ans. À l’âge de 60 ans, le sujet dont le diabète a été découvert à 30 ans aura davantage de risque de décès ou de faire des complications que celui qui avait 50 ans au moment de la découverte du diabète. En raison de l’influence de la durée du diabète sur le risque de complications, les auteurs ont complété leurs calculs en étudiant l’effet de l’âge de découverte en fonction de la durée du diabète. Dans ce cas les auteurs ont noté que la relation était la suivante : pour toute augmentation de 1 an dans l’âge de découverte du diabète, il existe une augmentation respective de 6 %, 6 % et 5 % du risque de décès, de complications macro et micro-vasculaires. Cette relation inverse de la précédente peut paraître surprenante et contradictoire. En fait elle ne l’est pas. Pour expliquer simplement ce fait revenons à l’exemple des 2 sujets pour lesquels le diagnostic de diabète a été porté à l’âge de 30 et 50 ans. Si on revoit les 2 sujets au bout de 20 ans d’évolution du diabète, le premier sera âgé de 50 ans et le deuxième de 70 ans. Il est évident que c’est le plus jeune des 2 qui aura le moins de risque d’avoir des complications. Figures 1a et 1b. Risque de développer des complications pour 2 sujets dont les âges de diagnostic du diabète de type 2 sont respectivement de 30 et 50 ans. Figure 1a : Quand ils auront 60 ans c’est celui qui a été diagnostiqué à 30 ans qui aura le plus de risque d’avoir des complications. Figure 1b : Quand il auront tous les deux 20 ans d’évolution de diabète, c’est celui qui a été diagnostiqué à 50 ans qui aura le plus de risque d’avoir des complications. Conclusion Ces résultats sont indiscutablement intéressants car ils indiquent qu’il faut essayer de reculer autant que possible l’âge de survenue du diabète sucré de type 2. Ils auraient été toutefois plus convaincants si les auteurs avaient été plus attentifs à la rédaction finale de leur article. Le nombre de sujets et les références indiquées dans le tableau principal ne sont pas en accord avec ceux qui sont indiqués dans ce texte. De plus, il s’agit d’une méta-analyse. Pour que cette dernière soit au-dessus de tout soupçon, il faut calculer l’index d’hétérogénéité (le I2 de Higgins). Ces calculs ont été réalisés dans cette étude mais ils ont conduit le plus souvent à un index très élevé (> 90 %), ce qui indique que les études sont très disparates et que la méta-analyse est ininterprétable (l’index I2 ne devrait pas dépasser 50 %). Il est regrettable que les auteurs et les reviewers ne se soient pas rendu compte de ces failles. Ceci soulève une question plus générale qui peut être résumée de la manière suivante : profusion excessive de journaux médicaux et d’articles soumis et insuffisance de reviewers compétents ou sérieux. Le tout peut aboutir à la confusion dans la diffusion des messages. Il est dommage dans le cas présent que des résultats en apparence intéressants nous laissent sur notre faim. Des reviewers aguerris auraient dû se rendre compte des failles de cet article avant sa publication. Il est malheureusement à craindre que ces maux ne s’amplifient au cours des années à venir et qu’ils rendent la tâche des lecteurs de plus en plus délicate pour sélectionner les articles les plus pertinents. Publié par Diabétologie Pratique

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