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Coronaires

Publié le 31 aoû 2015Lecture 5 min

Intérêt de l’échographie d’effort dans la cardiopathie ischémique

A. PASQUET, Pôle de recherche cardiovasculaire, Institut de recherche expérimentale et clinique, Université catholique de Louvain ; Département de pathologie cardiovasculaire, service de cardiologie, Cliniques universitaires Saint-Luc, Bruxelles, Belgique

Une ischémie coronaire entraîne une diminution de la contraction du myocarde, or celle-ci peut être mise en évidence par l’échocardiographie. C’est le principe de la détection de la maladie coronaire par l’échocardiographie d’effort. Celle-ci a une sensibilité de 80-85 % et une spécificité de 84-86 % pour la détection de la maladie coronaire, ce qui est nettement supérieur aux valeurs de l’épreuve d’effort simple. Ses valeurs diagnostiques et pronostiques sont comparables à celles de la scintigraphie myocardique à l’effort. Son utilisation est particulièrement intéressante chez les femmes où l’épreuve d’effort à une faible valeur diagnostique et lorsque l’ECG de repos n’est pas ou difficilement interprétable à l’effort.

DR Centre d’Evecquemont L’épreuve d’effort sur cycloergomètre est une examen clé dans le diagnostic de la maladie coronaire, néanmoins ses performances diagnostiques sont relativement médiocres puisque sa sensibilité avoisine les 67 % pour une spécificité de 77 % dans une population générale. En outre certaines anomalies sur l’ECG de repos comme un bloc de branche gauche rendent son interprétation difficile, voire impossible.   Le principe   L’ischémie myocardique s’accompagne d’une diminution, voire d’une cessation de la contraction du myocarde dans le territoire ischémié. Or l’échocardiographie montre la contraction régionale du muscle cardiaque. C’est donc l’outil parfait pour mettre en évidence un défaut de contraction suite à une ischémie induite par un exercice. L’échocardiographie est une imagerie de « fonction » par opposition à la scintigraphie qui est une imagerie de « perfusion ». Par rapport à l’épreuve d’effort « simple », l’échographie d’effort présente l’avantage de montrer la présence d’ischémie mais aussi sa localisation et son étendue.   En pratique   Un examen échocardiographique complet de base est réalisé. Classiquement, 4 vues échographiques sont acquises : les vues apicales 4, 2 et 3 cavités (parasternale long axe) ainsi que la vue parasternale petit axe. Pour chaque vue, un cycle cardiaque est enregistré de façon digitale (boucle d’un cycle cardiaque). Ces acquisitions seront répétées lors de l’effort et durant la récupération de l’effort. Comme pour une épreuve d’effort classique, le tracé ECG et la tension artérielle sont suivis. Les critères sont également les critères classiques d’arrêt de l’effort. L’apparition d’une ischémie myocardique à l’échographie dans au moins 2 segments est aussi un critère d’arrêt de l’examen. L’effort peut être réalisé sur un tapis, un vélo classique ou une table cycloergométrique. Cette dernière à l’avantage de permettre facilement des acquisitions échographiques durant l’effort alors que si un tapis est utilisé, les images correspondant à l’effort maximal seront acquises dans la première minute en post-effort immédiat.   L’interprétation   Les vues échographiques acquises au repos et selon le protocole durant l’effort et/ou au maximum de l’effort sont placées côte à côte pour être analysées. Le ventricule gauche est divisé en 17 segments couvrant les 3 territoires coronaires. Pour chaque segment, la contraction va être analysée au repos et au maximum de l’effort. Un segment dont la contraction se dégrade à l’effort est dit ischémique. Un segment qui ne se contracte pas au repos ni à l’effort correspond vraisemblablement à un segment infarci. La viabilité d’un segment ne peut être mise en évidence par des protocoles d’effort analysant uniquement le repos et l’effort maximal. Même si certaines études ont proposé l’utilisation d’effort à faible charge pour mettre en évidence la récupération de fonction des segments dysfonctionnels, l’échographie d’effort n’est certainement pas le meilleur choix pour la mise en évidence de la viabilité myocardique.   Diagnostic de la maladie coronaire L’échographie d’effort a une sensibilité de 80-85 % et une spécificité de 84-86 % pour la détection de la maladie coronaire. La sensibilité est évidemment un peu plus faible pour les maladies monotronculaires, et plus élevée pour les maladies coronaires pluritronculaires. Le gain en valeur diagnostique et pronostique de l’ajout des données échocardiographiques sur les données cliniques et électriques est depuis longtemps démontré. Outre la valeur diagnostique, la valeur pronostique est aussi importante. Plus l’étendue de l’ischémie est importante à l’échographie plus le pronostic à long terme est défavorable. Par ailleurs, une étude la Mayo Clinic portant sur 5 798 patients démontre qu’en l’absence d’ischémie lors de l’échographie d’effort, le pronostic à 3 ans est très bon avec la survenue de peu d’événements cardiovasculaires. De même chez des patients avec une épreuve d’effort classique normale, la mise en évidence d’une ischémie à l’échographie est un facteur prédictif de la survenue d’événement cardiovasculaire.   Échocardiographie d’effort ou scintigraphie myocardique à l’effort ? Une technique d’imagerie, qu’elle soit échographique ou scintigraphique, peut être couplée à l’épreuve d’effort pour augmenter sa capacité de diagnostic de la maladie coronaire. De nombreuses études montrent que ces 2 techniques ont une valeur diagnostique similaire. Une métaanalyse a récemment comparé la valeur pronostique d’une examen normal pour les 2 techniques. Les valeurs prédictives négatives pour la survenue d’un décès cardiaque ou d’un infarctus à 3 ans sont comparables (98,8 % pour la scintigraphie et 98,4 % pour l’échographie).   Situations particulières   La valeur diagnostique de l’épreuve d’effort chez la femme est moindre que chez l’homme, ce qui peut poser des problèmes diagnostiques dans la vie courante. Au contraire, l’échographie d’effort a une valeur diagnostique équivalente dans les 2 sexes. La valeur pronostique est également excellente (4 % d’accidents cardiovasculaires à 3 ans en cas d’examen négatif chez la femme). En présence d’un bloc de branche gauche complet sur l’ECG de repos, l’examen est fréquemment couplé à une scintigraphie de perfusion. Néanmoins, cette technique présente un grand nombre de faux positifs. L’échographie d’effort, par contre, garde à la fois sa valeur diagnostique et pronostique en cas de bloc de branche gauche complet. Les patients diabétiques ont souvent une atteinte coronaire plus sévère. Dans cette population, l’échographie d’effort apporte une valeur pronostique additionnelle par rapport à l’épreuve d’effort simple parce qu’elle permet de montrer l’étendue de l’ischémie et le nombre de territoires coronaires atteints.   Les indications de l’échographie d’effort   Même si l’échographie d’effort est attrayante par ses performances diagnostiques, l’épreuve d’effort simple reste le premier choix pour le dépistage de la maladie coronaire. Les principales indications de l’échographie d’effort pourraient se résumer comme suit : - les patients avec un bloc de branche gauche complet ou des anomalies électriques rendant impossible ou difficile l’interprétation de l’ECG lors d’un effort ; - les patients chez qui une épreuve d’effort a été non diagnostiquée ou a conclu à des résultats ambigus ; - pour évaluer le retentissement fonctionnel d’une sténose coronaire ou après angioplastie ; - chez les patients avec une probabilité intermédiaire ou un risque intermédiaire de maladie coronaire selon les tables de risques coronariens.    En pratique   L’échographie d’effort est une technique peu onéreuse actuellement bien validée pour le diagnostic et le pronostic de la maladie coronaire. Par contre, elle nécessite un entraînement et une compétence particulière de l’opérateur et son interprétation reste subjective. L’échographie d’effort a une performance diagnostique nettement supérieure à l’épreuve d’effort pour la détection de la maladie coronarienne que ce soit chez l’homme ou la femme. Elle apporte une valeur pronostique additionnelle par rapport aux données cliniques et à l’épreuve d’effort classique. Sa performance diagnostique et sa valeur pronostique sont comparables à celles de la scintigraphie myocardique à l’effort mais elle n’expose pas le patient à des radiations. Dans le futur, des techniques de speckle tracking ou l’utilisation de l’échographie tridimensionnelle permettront peut-être d’améliorer ces aspects.

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