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Cardiologie générale

Publié le 16 jan 2007Lecture 7 min

Cardiologues, vous avez désormais 5 ans pour vous former !

G. GERTNER, d'après un entretien avec B. Ortolan, président du Conseil National de la FMC

Aujourd’hui, et pour une période d’un an, B. Ortolan préside le comité de coordination des 3 CNFMC qui regroupe la formation continue des médecins libéraux, des médecins hospitaliers et des médecins salariés. Il a accepté de nous donner des indications sur l’esprit dans lequel la FMC va désormais s’organiser, particulièrement pour les médecins spécialistes, puisque le feu vert vient d’en être donné.

    Cardiologie Pratique : Quelle est, pour vous, la FMC idéale ? Dr Bernard Ortolan : C’est avant tout celle qui répond aux besoins des médecins. Aussi est-il nécessaire que la cible soit bien identifiée, que la formation dispensée réponde aux réalités de la pratique, qu’elle soit au plus près des recommandations les plus récentes et qu’elle soit interactive, c’est-à-dire que les médecins puissent obtenir les réponses aux questions qu’ils sont amenés à poser. Autrement dit, il s’agit d’une FMC active et réflexive en lien avec les pratiques. Cela veut dire que cette formation doit être dispensée par des experts informés des besoins et des attentes des praticiens. C’est pourquoi nous souhaitons que, parmi les intervenants, au moins un expert appartienne à la même discipline, exerçant le même métier que les participants et ayant le même statut. Cette mise à niveau des connaissances concerne également les objectifs de santé publique et donc une prise en charge globale des patients avec les meilleurs soins au meilleur coût. Dans ce cadre, la CNFMC, en concertation avec la Direction Générale de la Santé, a défini cinq orientations nationales de FMC qui sont des objectifs de santé publique sur lesquels il est prévu de travailler pendant les cinq années à venir : rôle et place des médecins en situation de crise sanitaire, iatrogénèse, prévention vaccinale, prévention et dépistage des cancers, prévention et réduction des risques environnementaux, comportementaux et professionnels. Quelles sont les difficultés auxquelles vous pensez être confronté au cours des mois ou des années à venir ? B. O. : Nous ne nous attendons pas tant à des difficultés particulières qu’à faire avant tout des cinq années à venir une période d’observation et d’évaluation dont nous devrions tirer des pistes d’évolution. Bien évidemment, les questions qui se posent sont différentes selon les statuts des médecins : des médecins du travail, de PMI, de l’industrie pharmaceutique, hospitalier ou libéral n’ont pas les mêmes besoins de formation, ni des mêmes procédures de formation. Et il sera nécessaire de juger de l’efficacité des formations en fonction des différentes situations. La formation doit se placer dans une perspective d’efficacité. Or, l’efficacité se mesure avec des outils que l’on ne maîtrise pas totalement aujourd’hui, même s’ils se rapprochent des outils de l’Évaluation des Pratiques Professionnelles (EPP). Aussi, il nous faudra trouver des indicateurs nous permettant de mesurer l’impact de la FMC sur l’amélioration des pratiques. Comment seront évalués les congrès ? B. O. : Les médecins spécialistes se forment soit dans le cadre de leur société savante qui vont certainement demander prochainement leur agrément, soit sous la forme de congrès nationaux ou internationaux. Ces derniers sont essentiels dans la mesure où c’est là que se fait régulièrement la mise à niveau des connaissances et des techniques les plus récentes. Pour autant, il faut aujourd’hui clarifier le contenu de ces congrès et ne pas considérer le congrès comme formateur en soi, mais prendre en compte chacune des sessions et définir, dans chaque congrès, ce qui est validant et accréditant de ce qui ne l’est pas. Ainsi, les symposiums ne feront pas partie des sessions accréditantes. En d’autres termes, on sera amené à identifier le parcours de chaque congressiste et de ne valider que les sessions qui le justifient. C’est le travail que nous effectuons actuellement avec la Fédération des Sociétés savantes, présidée par J. Barrier. Pour les congrès internationaux, il est nécessaire aujourd’hui de se rapprocher des autres pays d’Europe et d’Amérique du Nord pour réfléchir avec eux sur les systèmes en vigueur dans chacun des pays et de voir comment nous pourrions harmoniser nos critères de validation, de façon à ce qu’un médecin qui se rend à l’étranger à un congrès international puisse rapporter des crédits de formation…et vice et versa pour les médecins étrangers qui se rendent en France. Dans ce cadre, je vous annonce que la première rencontre informelle dans cet objectif aura lieu le 9 février prochain avec nos homologues européens. Qu’en est-il de la formation « non présentielle » ? B. O. : Autant la formation présentielle est facilement mesurable en termes de temps passé et de qualité de ce qui est délivré, autant ce qui est réalisé chez soi est plus difficile à évaluer. Ainsi en est-il de la lecture, quel que soit le support. Pour ce qui est de la presse, les critères ont été définis et publiés et ils distinguent la presse d’information de la presse de formation. Quant aux revues étrangères, nous validerons sûrement celles qui sont sur Medline. En fait, nous faisons le pari que si un médecin s’abonne à une revue, c’est pour la lire. Nous avions imaginé un moment faire des tests de lecture, mais nous avons vite abandonné du fait d’une part de la lourdeur du système et d’autre part parce qu’ils ne garantissaient pas grand-chose. Autrement dit, nous sommes aujourd’hui dans une démarche de bonne volonté et de confiance. Et tout le travail que nous effectuons a pour objectif d’inciter tous les médecins à « monter dans le train de la formation » sans pour autant être dans le contrôle administratif tatillon systématique et ni, bien entendu, dans la sanction a priori. Mais un autre mode de formation est en train de se développer : l’e-learning. Nous serons amenés à faire une évaluation de la qualité pédagogique de ces supports de formation qui apparaissent sur Internet. Nous demanderons probablement à ce qu’ils se terminent par des post-tests, des quiz, des QCM… qui permettent de s’assurer que les médecins ont effectué peu, ou prou, la formation proposée. Aujourd’hui, le site de la CNFMC (www.cnfmc.fr) permet d’accéder aux informations pratiques, aux barèmes, aux orientations nationales de santé publique, aux dossiers d’agrément des organismes, aux dossiers de candidature pour les CRFMC…qu’en sera-t-il du futur portail de la formation continue des professions de santé (Fcps) ? B. O. : Tous les médecins devront adresser au fur et à mesure tous leurs justificatifs aux conseils régionaux de FMC (CRFMC), à partir du moment où ils seront installés, c’est-à-dire théoriquement en avril prochain. Ils pourront même adresser des attestations correspondant aux formations réalisées antérieurement à cette date. Et, dès que le médecin aura totalisé 250 points au cours des 5 années à venir, c’est le CRFMC qui lui délivrera une attestation et en informera l’Ordre des médecins. Le futur portail des professions de santé, prévu pour 2008, aura pour fonction de faciliter le travail de chacun. Les médecins pourront s’informer des offres de FMC et d’EPP, remplir leur fiche individuelle en accédant à leur dossier personnel et connaître les crédits qu’ils ont accumulés. Les organismes accrédités pourront adresser parallèlement, avec l’autorisation des médecins concernés, les certificats électroniques validant leur présence aux FMC qu’ils ont mis en place ou les abonnements aux revues qu’ils éditent. Et si au bout des cinq ans, un médecin n’a pas acquis les 250 points nécessaires, que se passe-t-il ? B. O. : Il est prévu qu’à l’échéance des cinq ans, on alerte le médecin concerné, on examine les raisons qui expliquent éventuellement son absence de formation (médecin à l’étranger, problèmes de santé personnels ou familiaux graves…) et on lui demande de satisfaire à ses obligations au cours des six mois qui suivent. Ce n’est que si vraiment il existe une volonté délibérée de la part d’un médecin de ne pas s’engager dans une FMC validante, que le CRFMC transmettra le dossier au Conseil Régional de l’Ordre des médecins qui décide d’instruire ou non la plainte. Dans ce dernier cas, il transfère le dossier à l’instance disciplinaire du Conseil de l’Ordre qui appliquera, le cas échéant, les sanctions disciplinaires de l’Ordre qui sont parfaitement codifiées : avertissement, blâme, interdiction temporaire ou définitive d’exercer. Comment va s’effectuer l’EPP ? B. O. : Si les décrets ont été publiés, les différentes manières d’obtenir les 100 points en 5 ans ne sont pas encore tout à fait claires. On a clairement abandonné l’évaluation individuelle, beaucoup trop coûteuse et chronophage et l’EPP ponctuelle, au profit de l’évaluation collective et continue des pratiques professionnelles. Qu’est-ce que cela signifie en termes d’astreintes pour les médecins ? À combien de séances de groupes de pairs faut-il que chaque médecin participe pour obtenir son quota de points ? Il n’existe pas de barème, mais l’objectif est d’amener les médecins en situation de réflexion sur leurs pratiques, en référence à des recommandations, en se dotant de pistes d’amélioration. Et ce sont les organismes agréés, à qui l’on fait confiance, qui diront que tel médecin a satisfait à ses obligations en étant présent et en participant à l’ensemble du cycle d’EPP. Quelle est la place de l’industrie pharmaceutique dans la conception de la FMC ainsi définie ? B. O. : L’esprit est le suivant. Peu importent les sources de financement, dès lors que la qualité de la FMC délivrée est indiscutable. Cela signifie que nous faisons confiance a priori aux organismes que nous allons agréer pour fournir une FMC de qualité, indépendante de ses sources de financement. Et les critères exigés dans le dossier de demande d’agrément sont tels que nous nous donnons un maximum de garanties. Mais il ne s’agit pas pour autant d’être laxiste et nous effectuerons des contrôles pour vérifier la qualité de la formation délivrée.

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