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Coronaires

Publié le 15 fév 2015Lecture 7 min

Mortalité coronaire et hospitalisations pour IDM : tendances nationales entre 2002 et 2008

C. DE PERETTI, F. CHIN, Institut de veille sanitaire, Paris, P. TUPPIN, CNAM, Paris, G. REY, E. JOUGLA, Inserm-CépiDc, Paris et N. DANCHIN, HEGP, Paris

Une réduction de la mortalité coronaire a été observée dans de nombreux pays au cours des dernières décennies. En France, cette baisse a été mise en évidence par les registres populationnels des cardiopathies ischémiques (registres MONICA) dans les années quatre-vingt-dix(1,2). De même, les données du centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (Inserm CépiDc) montrent une décroissance qui s’est maintenue à un niveau élevé depuis le début des années 1990(3).  
Concernant les évolutions de la dernière décennie, les registres MONICA ont relevé une réduction globale de la mortalité coronaire, ainsi que des taux standardisés d’incidence des infarctus du myocarde (IDM) dans la population âgée de 35 à 74 ans. Cette baisse, qui concerne toutes les classes d’âge masculines, est limitée aux 55-74 ans pour les femmes(2).
Malgré leurs limites, les bases nationales de mortalité et d’hospitalisation en court séjour (Programme de médicalisation des systèmes d’information en médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie, dit « PMSI MCO ») permettent de préciser les tendances récentes pour l’ensemble des classes d’âge et du territoire national. Ainsi, cet article présente, à partir de ces bases nationales médico-administratives, les évolutions de la mortalité coronaire et des taux de personnes hospitalisées pour IDM entre 2002 et 2008.

Les bases de données utilisées   Les données d’hospitalisation ont été extraites des bases nationales du PMSI MCO produites par l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH) et concernent toute la France, départements d’outre-mer compris (à l’exception de Mayotte et de Saint-Pierre-et-Miquelon). Les patients ont été inclus sur la base du diagnostic principal (DP) du résumé anonyme d’hospitalisation. Les personnes ne résidant pas en France ainsi que les transferts et hospitalisations sans nuitée ont été exclus, sauf en cas de décès. Seuls les premiers séjours ont été conservés pour constituer une base annuelle de patients ayant eu au moins un séjour avec DP d’IDM dans l’année. Les bases des années 2002 à 2008 ont ensuite été agrégées. Les données de mortalité coronaire ont été extraites des bases de données d‘un organisme Inserm, le CépiDc. Pour chaque année considérée, les décès dus à une cardiopathie ischémique (cause initiale) et concernant une personne résidant en France ont été sélectionnés.   Pour tenir compte de l’évolution démographique de la population française, des taux standardisés sur l’âge ont été calculés en utilisant la population française de 1999 comme population de référence. Pour tester les évolutions par sexe et classe d’âge, des taux bruts ont été calculés pour 100 000 habitants, sur la base des populations nationales publiées par l’Insee(4).    Une diminution d’incidence remarquable, à l’exception des femmes jeunes   Personnes hospitalisées pour IDM En 2008, 56 102 personnes domiciliées en France ont été hospitalisées pour IDM (tableau). La proportion de patients de moins de 65 ans est de 40,5 %, contre 44,5 % pour les 65-84 ans, et 15 % pour les patients plus âgés. Les taux bruts augmentent avec l’âge, atteignant 707 et 519 pour 100 0000 pour les hommes et femmes de 85 ans ou plus. Les hommes sont deux fois plus nombreux que les femmes (66,4 % versus 33,6 %) et leur âge moyen, plus bas (64,5 ans versus 75,5 ans). Le taux standardisé sur l’âge est presque 3 fois plus élevé pour les hommes que pour les femmes (120,4 pour 100 000 versus 43,2 pour 100 000). Tableau. Entre 2002 et 2008, le nombre de personnes hospitalisées pour IDM a diminué de 7,4 % et le taux standardisé des patients hospitalisés pour IDM, de 17,2 %. La réduction est plus marquée pour les 65 ans ou plus (-22,4 %) et d’amplitude comparable pour les hommes et les femmes. Avant 65 ans, on observe des évolutions différenciées selon le sexe, avec une diminution du taux standardisé pour les hommes (-10,2 %), mais une augmentation dans la population féminine (+6,7 %).   L’étude des tendances par classe d’âge décennale permet de préciser ce constat (figures 1 A et B). Avant 65 ans, il y a eu une baisse significative des taux masculins dans toutes les classes d’âge et des augmentations significatives pour les femmes de 35 à 54 ans. Pour les personnes de 65 ans ou plus, il y a eu une diminution marquée des taux de personnes hospitalisées tant pour les hommes que pour les femmes.   Evolutions annuelles moyennes des taux  de personnes hospitalisées pour IDM par sexe selon la classe d’âge décennale (régressions de Poisson) Figure 1A. Evolutions annuelles moyennes des taux de décès coronaires par sexe selon la classe d’âge décennale (régressions de Poisson) Figure 1B.     Mortalité coronaire En 2008, 38 073 décès avaient pour cause initiale une cardiopathie ischémique, dont près de 14 % concernaient des personnes de moins de 65 ans. La proportion de décès masculins, globalement égale à 56,9 %, atteignait 84,1 % avant 65 ans. Entre 2002 et 2008, le nombre de décès coronaires a diminué de 13,2 %, le taux brut, de près de 17 % et le taux standardisé sur l’âge, de 26,3 %. L’analyse par classe d’âge montre une réduction significative du taux de mortalité coronaire masculine dans toutes les classes d’âge à partir de 35 ans. Pour les femmes, on observe également une baisse significative des taux à partir de 55 ans, mais pas d’évolution significative entre 25 et 54 ans. Comme pour les IDM hospitalisés, la réduction est marquée à partir de 65 ans.    Comment interpréter ces résultats ?   Le nombre de personnes hospitalisées pour IDM a diminué de 7,4 % entre 2002 et 2008, et le taux standardisé sur l’âge de 17,2 %. La réduction des décès coronaires est plus marquée (-13,2 % pour l’effectif et -26,3 % pour le taux standardisé). Les réductions sont notables après 65 ans et de niveau comparable pour les hommes et les femmes. Mais avant 65 ans, les évolutions diffèrent en fonction du sexe : les taux ont diminué dans la population masculine, alors que pour les femmes de 35 à 54 ans, il y a eu augmentation des taux d’hospitalisation pour infarctus du myocarde et absence d’évolution significative des taux de décès coronaires.   Des données concordantes avec d’autres enquêtes, en France et à l’étranger Ces résultats, globalement favorables, sont cohérents avec les observations récentes des registres MONICA français(2,5). Plusieurs études réalisées aux États-Unis et au Canada montrent également une diminution globale du taux d’hospitalisation, assortie d’une augmentation pour les jeunes femmes (d’âge compris entre 35 et 44 ans aux États-Unis et 20 et 49 ans au Canada)(6,7). Par ailleurs, bien que la France ait enregistré le plus faible taux de mortalité coronaire au sein de l’Union européenne (UE) en 2008, comme en 2002, la baisse observée est de même amplitude relative que pour l’UE (-24,5 % pour l’UE à 27 pays et - 27,4 % pour les 15 pays membres avant 2004)(8).     L’importance de la prévention et de la prise  en charge des facteurs de risque associés La réduction des facteurs de risque cardiovasculaire dans la population, les traitements de prévention primaire et secondaire, ainsi que l’amélioration de la prise en charge médicale et instrumentale de la maladie coronaire visent à réduire le nombre d’événements aigus et leur létalité. Les études transversales réalisées par les registres MONICA ont permis d’observer une réduction de la prévalence de l’hypertension artérielle et de l’hypercholestérolémie dans la population âgée de 35 à 64 ans(9). Concernant la prévention primaire et secondaire, les études EUROASPIRE ont objectivé l’augmentation de ces traitements(10,11). La diminution de la mortalité hospitalière et, plus généralement, de la létalité à un mois est une tendance relevée dans de nombreuses études(12-15). Une part notable de la réduction des taux observée après 65 ans, ainsi que pour les hommes plus jeunes, pourrait être liée à ces améliorations. La plus forte réduction d’incidence de l’infarctus dans les tranches d’âge plus élevées suggère un véritable impact des mesures de prévention primaire dans ces populations, où les facteurs de risque ont « eu le temps » d’être reconnus.   Trois facteurs de risque cardiovasculaire pourraient être responsables de l’augmentation des IDM des femmes jeunes : - le tabac en premier lieu, avec une hausse du tabagisme des femmes de 45 à 64 ans entre 2000 et 2010(16,17) ; - l’obésité, dont la prévalence a augmenté de 10,1 % en 2000 à 14,5 % en 2009, avec une accélération de cette tendance relevée pour les cohortes féminines nées après le milieu des années soixante(18) ; - et le diabète, dont la prévalence a augmenté de 69 % entre 2000 et 2009(19).   Quelques limites méthodologiques Certaines limites doivent être soulignées. Le recul est faible et de ce fait sensible à des phénomènes intercurrents susceptibles d’avoir un impact sur ces pathologies. Surtout, cette étude repose sur la qualité des données des bases médico-administratives et de mortalité par cause de décès. De fait, les registres MONICA ont montré une sous-estimation des décès coronaires par les statistiques nationales sur les causes de décès en cas de mort subite coronaire(20). De même, les statistiques d’hospitalisation établies à partir du DP ignorent les IDM survenant en cours d’hospitalisation. Toutefois, les tendances présentées couvrent une période limitée durant laquelle les biais liés aux modes de définition des diagnostics sont restés constants. Enfin, le PMSI MCO ne permet pas de distinguer les évolutions respectives des primo-événements et des récidives.   En conclusion   Les bases nationales d’hospitalisation et de mortalité par cause montrent une réduction notable des infarctus du myocarde hospitalisés et des décès coronaires, mais une évolution préoccupante chez les femmes jeunes, avec une augmentation de l’incidence des hospitalisations pour infarctus.   Ce qu’il faut retenir    En France, 56 102 personnes ont été hospitalisées pour IDM en 2008 (37 248 hommes et 18 854 femmes).  Le nombre de décès dont la cause initiale était une cardiopathie ischémique s’élevait à 38 073 en 2008 (21 654 décès masculins et 16 419 décès féminins). Il s’agit de la deuxième cause de décès tant pour les hommes (après les cancers du larynx, de la trachée, des bronches et du poumon), que pour les femmes (après les maladies cérébro-vasculaires).  Entre 2002 et 2008, les taux standardisés sur l’âge ont diminué de 17,2 % pour les patients hospitalisés pour IDM et de 26,3 % pour les décès coronaires.  La réduction des taux est plus importante après 65 ans. Avant 65 ans, il y a eu une réduction de taux d’hospitalisation et de décès coronaires dans la population masculine, mais des tendances moins favorables pour les femmes.  L’étude par classe d’âge décennale montre une stabilité des décès pour les femmes entre 25 et 54 ans et une augmentation significative des hospitalisations pour IDM des femmes de 35 à 54 ans.

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