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Congrès et symposiums

Publié le 14 mar 2016Lecture 3 min

La visite préopératoire de l’opéré en chirurgie cardiaque

N. AFTAH, G. SEMPERE, Hôpital Haut-Lévêque, CHU de Bordeaux

JESFC

Pour le patient en cardiologie, il y a tout d’abord l’acceptation de la maladie qui touche le cœur, organe riche de symboles de vie, de mort, siège des émotions. Et puis l’acceptation de l’intervention : « l’opération du cœur », il faut confier son corps à des personnes inconnues, dans un lieu inconnu et mystique, le bloc opératoire, pour un geste que l’on comprend à peine. Il est donc tout naturel d’avoir peur, d’être anxieux, voire angoissé face à l’intervention. 

« Bonjour Monsieur…, je m’appelle…, je suis infirmière de bloc opératoire, si vous êtes d’accord nous pouvons parler un moment ensemble de ce qui va se passer demain… » Il s’agit là d’un espace privilégié pour le patient, où il va pouvoir exprimer ses peurs, ses angoisses, dire les mots pour faire sortir les émotions, poser des questions. Écouter, accompagner, rassurer, mettre en confiance et aussi donner des repères dans le temps et dans l’espace : « Voici tout ce qui va se passer demain, comment vous serez accueilli, par qui, dans quel lieu et ensuite le réveil, la réanimation, le retour en chambre… » La visite préopératoire (VPO), c’est aussi un échange entre le personnel de bloc opératoire et le personnel de secteur, grâce aux transmissions d’informations liées au patient, se crée l’ouverture du dialogue. Améliorer les échanges c’est favoriser la continuité des soins et améliorer les pratiques. Nous avons mis en place cette visite à l’hôpital Haut-Lévêque (CHU de Bordeaux) en février 2014 sous la direction du Pr Roques, avec l’aide de Mme Hyronimus cadre supérieur de santé et Mme Gerin cadre du bloc opératoire. Aujourd’hui nous ne voyons que les patients signalés particulièrement anxieux car nous n’avons pas matériellement le temps de les voir tous. Les visites sont organisées la veille de l’intervention et nous invitons le patient à s’exprimer. Il sera informé sur les différentes étapes pré- et postopératoires, puis le visionnage d’un film* lui permettra de découvrir concrètement le déroulement de son accueil au bloc. Informer pour atténuer la peur de l’inconnu c’est aussi limiter le stress préopératoire. Les questions liées aux risques ne sont jamais prises à la légère, les risques existent, on ne peut pas les nier, mais on assure que tous les moyens seront mis en oeuvre pour les limiter au maximum. La durée de l’entretien est de 15 à 20 minutes. Dans la mesure du possible, l’infirmière ayant réalisé la visite sera présente à l’arrivée du patient au bloc le lendemain, ceci pour renforcer son sentiment de confiance et de sécurité par le fait de retrouver un visage connu. Ainsi, les patients sont toujours heureux de nous revoir, ils ne sont pas surpris par les questions posées, ils reconnaissent les locaux aperçus au travers du film. Ceux qui étaient très inquiets au départ sont parfois complètement rassurés et ceux qui restent anxieux sont toujours très reconnaissants pour cette prise en charge humaine et individualisée. En septembre 2014 la VPO a été intégrée dans l’étude AVRERAS qui met en pratique les recommandations ERAS de réhabilitation précoce ultrarapide multidisciplinaire (Enhanced Recovery After Surgery) dans la chirurgie cardiaque mini-invasive pour le remplacement de valve aortique. Dans le cadre de cette étude la V a pour objectif de réduire l’anxiété préopératoire de façon à supprimer la prise de benzodiazépines habituellement utilisées en prémédication. On élimine donc tous les effets secondaires liés aux anxiolytiques en postopératoire immédiat. Ainsi les patients entrant dans ce protocole bénéficient d’une extubation rapide, d’un premier lever au fauteuil 3 à 4 heures après l’intervention et d’un premier repas le soir même. Ils consomment en moyenne 3 mg de morphine contre 8 à 10 mg pour un remplacement de valve aortique standard, ils ont beaucoup moins d’infection pulmonaire et leur durée de séjour varie de 5 à 7 jours contre 8 à 10 pour une chirurgie valvulaire classique. L’intérêt de la VPO au coeur de ce projet prend une tout autre dimension si l’on considère qu’elle participe à l’amélioration du rétablissement postopératoire de ces patients. Nous remercions les initiateurs de ce projet : M. Cédrick Zaouter, anesthésiste et M. Pierre Oses, chirurgien, de nous avoir fait confiance au travers de cette étude. Cette reconnaissance nous aide à justifier du temps passé auprès de ces patients et nous travaillons aujourd’hui pour le développement de la VPO pour tous. *Mon arrivée au bloc opératoire, tourné et réalisé par le service communication de l’université de Bordeaux Ségalen, septembre 2013.

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